Décidé à réduire une lourde dette, le groupe pétrolier espagnol Repsol a annoncé mardi qu'il vendait une partie de son activité de gaz naturel liquéfié (GNL) au groupe pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell pour 6,65 milliards de dollars (environ 5,1 mds d'euros).
Le groupe va ainsi réduire "de plus de moitié sa dette nette, à 2,2 milliards d'euros", a affirmé Repsol dans un communiqué. Sur 6,65 milliards de dollars, Shell va assumer 2,25 milliards de dette et engagements financiers de Repsol et verser 4,4 milliards en liquide.
Obligé de réviser sa stratégie après l'expropriation en avril des activités pétrolières de Repsol en Argentine, le groupe avait mis en vente à l'été les activités GNL du groupe espagnol réparties au Canada, au Pérou, à Trinidad-et-Tobago et en Espagne.
"Repsol a trouvé un accord avec Shell pour la vente des actifs de GNL pour 6,653 milliards de dollars, dont les participations minoritaires dans Atlantic LNG (Trinidad-et-Tobago), Pérou LNG et Bahia de Bizkaia Electricidad (Espagne, pays Basque)", indique Repsol.
Toutefois, Repsol conserve son activité au Canada qui souffre depuis que l'Amérique du Nord a connu un essor fulgurant de la production d'hydrocarbures de schiste en recourant à la fracturation hydraulique contestée par les associations environnementalistes.
"Le complexe nord-américain reste en dehors de la transaction car les prix actuellement bas du gaz aux Etats-Unis empêchent une valorisation conforme à l'importance de l'actif à moyen et long termes", affirme Repsol.
Le groupe admet d'ailleurs avoir dû faire une provision nette de 1,3 milliard de dollars, en raison de la chute de la valeur de ses actifs en Amérique du Nord.
Pour l'heure, "Repsol et Shell ont trouvé un accord pour que ce dernier fournisse du gaz naturel liquide à l'usine de regazéification de Repsol dans le complexe de Canaport (Canada) pour les dix prochaines années, d'un volume total de un million de tonnes".
Cette opération va générer une plus-value avant impôts de 3,5 mds de dollars (environ 2,68 mds d'euros), a précisé le groupe.
Elle va permettre à Repsol "d'atteindre un niveau de désinvestissement de plus de 5 milliards d'euros, au-dessus des objectifs fixés dans le plan stratégique qui prévoyait, pour la période 2012-2016, un désinvestissement de 4 à 4,5 milliards de euros", a souligné Repsol dans un communiqué.
En 2011, le bénéfice opérationnel du groupe dans le GNL s'est élevé à 386 millions d'euros, selon le site internet de Repsol.
Cet accord, qui devrait être finalisé d'ici à la fin de l'exercice actuel, s'inscrit dans un changement de stratégie du groupe après la décision en avril de la présidente argentine Cristina Kirchner de nationaliser 51% de la compagnie pétrolière YPF, contrôlée par Repsol à 57,4%, reprochant au groupe espagnol de ne pas avoir assez investi dans le pays.
Le géant espagnol a annoncé un nouveau plan stratégique ne pouvant plus compter sur les larges réserves de ses gisements argentins, en particulier celui de Vaca Muerta, découvert en 2011, qui contient l'équivalent de 22,8 milliards de barils de pétrole et que le groupe considère comme la "plus grande découverte de son histoire".
Selon ce plan 2012-2016, Repsol prévoit 19 milliards d'euros d'investissements dont 80% dans l'exploration et production. Le groupe a notamment prévu d'investir deux milliards d'euros au Brésil, où il a réalisé 13 découvertes de pétrole depuis 2008, d'ici 2016.
Mais il prévoit aussi d'investir notamment 2,3 milliards aux Etats-Unis, 1,2 milliard au Venezuela, 400 millions en Russie et 20 millions en Espagne.
Repsol doit publier ses résultats 2012 jeudi.