La Commission européenne a réagi mercredi avec prudence à la présentation la veille par le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault des principales mesures de sa réforme des retraites, se contentant de "prendre note" en attendant d'en connaître les détails, notamment sur l'effort demandé aux entreprises.
Les recommandations économiques de la Commission à la France, adoptées par les Etats de l'UE en juillet, mettaient l'accent sur "la nécessité d'assurer la stabilité des finances publiques, mais aussi de réduire le coût du travail en France", a souligné au cours d'une conférence de presse Simon O'Connor, porte-parole du commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn.
La Commission avait notamment insisté sur la nécessité d'éviter de recourir à une hausse des cotisations patronales. L'idée est d'"éviter une nouvelle détérioration de la compétitivité des entreprises françaises et de leur capacité à créer des emplois", a rappelé le porte-parole.
Or le gouvernement français a précisément décidé de faire porter une bonne part de l'effort de financement des retraites sur une hausse des cotisations sociales de 0,3 point à l'horizon 2017, tant pour les salariés que les employeurs, ce qui a suscité la grogne du patronat.
"Dans ce contexte, nous prenons note des annonces faites hier", a déclaré M. O'Connor, ajoutant que la Commission examinerait le projet de loi une fois qu'il serait présenté.
Mercredi, le ministre du Travail Michel Sapin a promis une compensation pour les entreprises sous la forme d'un "transfert progressif" d'une partie des cotisations patronales aux branches famille et maladie de la Sécurité sociale vers un autre mode de financement, "mais nous n'avons pas pour l'instant de détails sur cette intention", a souligné M. O'Connor.
"Réduire le coût du travail est dans l'intérêt de l'économie française", a insisté de son côté une source proche de la Commission sous couvert de l'anonymat, expliquant que même si une hausse progressive jusqu'à 0,3% des cotisations sociales ne semble pas énorme, elle intervient alors que le coût du travail est "déjà très élevé" dans un pays où "le chômage vient encore d'augmenter en juillet".