par Anjali Athavaley et Emma Thomasson
NEW YORK (Reuters) - Visa a menacé mercredi la Fédération internationale de football (FIFA) de cesser de la sponsoriser si elle n'agissait pas au plus vite pour restaurer son image, au lendemain de l'arrestation de plusieurs de ses dirigeants accusés de corruption par les autorités suisses et américaines.
Le communiqué de Visa, partenaire de la FIFA depuis 2007 et dont le partenariat a récemment été prolongé jusqu'en 2022, est pour l'heure le plus virulent adressé à la plus haute instance du football mondial.
"À la lumière des révélations d'aujourd'hui, notre déception et nos préoccupations vis-à-vis de la FIFA sont sérieuses. En tant que sponsor, nous attendons de la FIFA qu'elle prenne des mesures immédiates et rapides pour régler ces questions", déclare le numéro un mondial des cartes de crédit et de débit.
"Cela passe par la reconstruction d'une culture avec des pratiques éthiques rigoureuses", dit Visa. "Si tel n'était pas le cas, nous avons informé la FIFA que notre partenariat de sponsoring serait réétudié."
La justice américaine a annoncé mercredi que neuf responsables de la FIFA et cinq dirigeants de sociétés liées à la commercialisation et à la promotion du football devraient répondre de faits de corruption ayant donné lieu, depuis le début des années 1990, au versement de pots-de-vin estimés à plus de 150 millions de dollars (138 millions d'euros).
Sept d'entre eux, arrêtés en Suisse où une enquête a par ailleurs été ouverte sur les conditions d'attribution des coupes du monde 2018 en Russie et 2022 au Qatar, font l'objet d'une demande d'extradition vers les Etats-Unis.
L'acte d'accusation de la justice américaine affirme notamment qu'en 1996, une entreprise de dimension internationale active dans le monde du sport, dont le nom n'est pas précisé, a accepté de payer 160 millions de dollars sur 10 ans pour devenir l'équipementier exclusif de la sélection nationale du Brésil. Cette formulation semble désigner Nike.
Selon ce même document, cette société a accepté des conditions financières qui ne figurent pas dans le contrat original, notamment le versement de 40 millions de dollars supplémentaires de "frais de marketing" sur un compte en Suisse d'une filiale d'un représentant commercial de l'équipe du Brésil.
Lors d'une conférence de presse, l'Attorney General (ministre de la Justice) des Etats-Unis a été priée de dire si des poursuites pouvaient être engagées contre des entreprises ayant acquis des droits commerciaux dans des conditions suspectes et si une enquête avait été ouverte à leur sujet.
PARTENARIAT LUCRATIF À LONG TERME
Loretta Lynch a répondu qu'elle ne s'exprimerait pas sur des cas particuliers "sauf pour dire que l'enquête se poursuit et couvre tous les aspects".
Elle a refusé de dire si Nike faisait partie des entreprises concernées.
Nike a par la suite publié un communiqué dans lequel l'équipementier sportif américain se dit "préoccupé par les très graves accusations" annoncées mercredi.
"Nike croit à l'éthique et au fair-play dans les affaires comme dans le sport et s'oppose vigoureusement à toute forme de manipulation ou de corruption. Nous coopérons et continuerons de coopérer avec les autorités", ajoute-t-il.
Son concurrent allemand Adidas (XETRA:ADSGN) ainsi que Coca-Cola, tous deux partenaires de la FIFA, ont invité l'institution dirigée par Sepp Blatter à plus de transparence et à régler cette crise.
"Cette longue controverse a terni la mission et les idéaux de la Coupe du monde de la FIFA et nous avons de manière répétée exprimé nos inquiétudes au sujet de ces graves accusations", écrit Coca-Cola dans un communiqué.
Le brasseur Anheuser-Busch InBev, propriétaire de la marque Budweiser, et le géant de la restauration rapide McDonald's, tous deux sponsors de la Coupe du monde, ont dit être en contact avec la FIFA et surveiller l'évolution de la situation.
Pour les experts, ces partenaires ou sponsors sont dans une situation inconfortable car, s'ils craignent les retombées d'un tel scandale sur leur image de marque, s'associer avec un événement planétaire tel que la Coupe du monde est lucratif sur le long terme.
Rob Prazmark, président de 21 Sports & Entertainment Marketing Group, juge peu probable qu'ils rompent brusquement leurs relations avec la FIFA.
"Ces sponsors mettent beaucoup d'argent pour être associés à la Coupe du monde", dit-il. "Ils vont leur donner un peu de temps pour remettre les choses en ordre."
(Bertrand Boucey et Nicolas Delame pour le service français)
par Anjali Athavaley et Emma Thomasson
NEW YORK (Reuters) - Visa a menacé mercredi la Fédération internationale de football (FIFA) de cesser de la sponsoriser si elle n'agissait pas au plus vite pour restaurer son image, au lendemain de l'arrestation de plusieurs de ses dirigeants accusés de corruption par les autorités suisses et américaines.
Le communiqué de Visa, partenaire de la FIFA depuis 2007 et dont le partenariat a récemment été prolongé jusqu'en 2022, est pour l'heure le plus virulent adressé à la plus haute instance du football mondial.
"À la lumière des révélations d'aujourd'hui, notre déception et nos préoccupations vis-à-vis de la FIFA sont sérieuses. En tant que sponsor, nous attendons de la FIFA qu'elle prenne des mesures immédiates et rapides pour régler ces questions", déclare le numéro un mondial des cartes de crédit et de débit.
"Cela passe par la reconstruction d'une culture avec des pratiques éthiques rigoureuses", dit Visa. "Si tel n'était pas le cas, nous avons informé la FIFA que notre partenariat de sponsoring serait réétudié."
La justice américaine a annoncé mercredi que neuf responsables de la FIFA et cinq dirigeants de sociétés liées à la commercialisation et à la promotion du football devraient répondre de faits de corruption ayant donné lieu, depuis le début des années 1990, au versement de pots-de-vin estimés à plus de 150 millions de dollars (138 millions d'euros).
Sept d'entre eux, arrêtés en Suisse où une enquête a par ailleurs été ouverte sur les conditions d'attribution des coupes du monde 2018 en Russie et 2022 au Qatar, font l'objet d'une demande d'extradition vers les Etats-Unis.
L'acte d'accusation de la justice américaine affirme notamment qu'en 1996, une entreprise de dimension internationale active dans le monde du sport, dont le nom n'est pas précisé, a accepté de payer 160 millions de dollars sur 10 ans pour devenir l'équipementier exclusif de la sélection nationale du Brésil. Cette formulation semble désigner Nike.
Selon ce même document, cette société a accepté des conditions financières qui ne figurent pas dans le contrat original, notamment le versement de 40 millions de dollars supplémentaires de "frais de marketing" sur un compte en Suisse d'une filiale d'un représentant commercial de l'équipe du Brésil.
Lors d'une conférence de presse, l'Attorney General (ministre de la Justice) des Etats-Unis a été priée de dire si des poursuites pouvaient être engagées contre des entreprises ayant acquis des droits commerciaux dans des conditions suspectes et si une enquête avait été ouverte à leur sujet.
PARTENARIAT LUCRATIF À LONG TERME
Loretta Lynch a répondu qu'elle ne s'exprimerait pas sur des cas particuliers "sauf pour dire que l'enquête se poursuit et couvre tous les aspects".
Elle a refusé de dire si Nike faisait partie des entreprises concernées.
Nike a par la suite publié un communiqué dans lequel l'équipementier sportif américain se dit "préoccupé par les très graves accusations" annoncées mercredi.
"Nike croit à l'éthique et au fair-play dans les affaires comme dans le sport et s'oppose vigoureusement à toute forme de manipulation ou de corruption. Nous coopérons et continuerons de coopérer avec les autorités", ajoute-t-il.
Son concurrent allemand Adidas ainsi que Coca-Cola, tous deux partenaires de la FIFA, ont invité l'institution dirigée par Sepp Blatter à plus de transparence et à régler cette crise.
"Cette longue controverse a terni la mission et les idéaux de la Coupe du monde de la FIFA et nous avons de manière répétée exprimé nos inquiétudes au sujet de ces graves accusations", écrit Coca-Cola dans un communiqué.
Le brasseur Anheuser-Busch InBev, propriétaire de la marque Budweiser, et le géant de la restauration rapide McDonald's, tous deux sponsors de la Coupe du monde, ont dit être en contact avec la FIFA et surveiller l'évolution de la situation.
Pour les experts, ces partenaires ou sponsors sont dans une situation inconfortable car, s'ils craignent les retombées d'un tel scandale sur leur image de marque, s'associer avec un événement planétaire tel que la Coupe du monde est lucratif sur le long terme.
Rob Prazmark, président de 21 Sports & Entertainment Marketing Group, juge peu probable qu'ils rompent brusquement leurs relations avec la FIFA.
"Ces sponsors mettent beaucoup d'argent pour être associés à la Coupe du monde", dit-il. "Ils vont leur donner un peu de temps pour remettre les choses en ordre."
(Bertrand Boucey et Nicolas Delame pour le service français)