Gardant le cap, le ministre britannique des Finances a dévoilé mercredi un nouveau budget d'austérité malgré des perspectives de croissance réduites de moitié pour 2013, contre lesquelles il va tenter de lutter avec de nouvelles mesures en faveur du logement, des infrastructures et des ménages.
Mettant en garde contre toute "réponse facile" à la crise, George Osborne a souligné devant la Chambre des Communes qu'il restait encore "beaucoup à faire" pour venir à bout d'un déficit public abyssal hérité essentiellement du sauvetage des banques durant la crise financière.
Mais le Chancelier de l'Échiquier, qui présentait son quatrième budget depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs et des libéraux démocrates en 2010, voit sa tâche compliquée par une conjoncture toujours plus dégradée.
La prévision officielle de croissance pour 2013 a en effet été réduite de moitié mercredi à 0,6% contre 1,2% en décembre. L'an prochain, la croissance devrait s'inscrire à 1,8% contre 2% prévu en décembre.
Le ministre a cependant assuré que le pays devrait retrouver la croissance au premier trimestre et éviter ainsi sa troisième récession depuis le début de la crise en 2008.
"Les problèmes à Chypre cette semaine sont une nouvelle preuve que la crise n'est pas finie et que la situation reste inquiétante", a-t-il martelé. Il a toutefois affirmé que le gouvernement "réglait les problèmes économiques (...) doucement mais sûrement", balayant les appels de l'opposition travailliste et d'une partie de la majorité à changer de cap alors que le pays vient de perdre son "triple A" auprès de Moody's.
Vivement critiquée notamment par les syndicats, dont celui des fonctionnaires qui a lancé mercredi trois mois d'actions, la cure de M. Osborne peine pourtant à porter ses fruits.
Les objectifs de déficit ont été revus en hausse, tandis que la dette n'amorcera son repli qu'à partir de 2017/2018, soit un an plus tard que prévu, alors que le ministre avait déjà dû repousser cet objectif d'un an en décembre.
"A chaque budget, il arrive devant la Chambre et les choses sont pires et non meilleures (...) Sous ce gouvernement, les mauvaises nouvelles n'arrêtent pas", a lancé Ed Miliband, le numéro un des travaillistes.
Refusant d'emprunter plus pour relancer la croissance comme le demandait notamment le ministre libéral-démocrate du Commerce, Vince Cable, M. Osborne va financer 3 milliards d'investissements dans les infrastructures grâce à de nouvelles coupes dans les budgets des ministères, qui épargnent cependant la santé et l'éducation.
Il a par ailleurs annoncé de nouvelles mesures en faveur de l'achat de logements pour relancer le marché immobilier et une réduction d'un point supplémentaire de l'impôt sur les sociétés à 20% afin de soutenir les entreprises.
Les ménages seront aidés de leur côté via une suppression un an plus tôt que prévu de l'impôt sur les 10.000 premières livres de revenu annuel, un abandon de la hausse de la taxe sur les carburants prévue en septembre et dans un registre plus populiste une baisse de la taxe sur la bière "d'un penny par pinte".
A court de fonds, le Chancelier a par ailleurs annoncé une révision du mandat de la Banque d'Angleterre - avant l'arrivée cet été de son nouveau gouverneur, le Canadien Mark Carney - afin de permettre à la "politique monétaire de jouer un rôle plus actif pour soutenir l'économie".
"Comme attendu, le message clef du budget est que le gouvernement garde obstinément le cap de l'austérité sans se soucier de la faiblesse de l'économie (...) Les mesures budgétaires ne devant pas faire grand chose pour l'économie, la responsabilité de l'amélioration de la reprise reste entre les mains de la Banque d'Angleterre", a jugé Vicky Redwood de Capital Economics.
"M. Osborne a au moins fait quelque chose en ce sens" mais "cela n'est pas aussi audacieux que l'espéraient de nombreuses personnes", a regretté l'économiste.