L'économie russe pourrait subir une contraction de 4% de son produit intérieur brut et le déficit budgétaire atteindre 3% en 2015 à cause de la chute des cours du pétrole et du rouble, a estimé vendredi le ministre russe des Finances.
Anton Silouanov, cité par les agences russes, a prévenu que des coupes budgétaires seraient nécessaires, appelant à des réductions d'effectifs dans la Défense, secteur dans lequel Vladimir Poutine a décidé d'investir massivement.
Ces nouvelles prévisions sont basées sur un baril de brut à 60 dollars et un dollar à 51 roubles, a précisé le ministre. Dans cette situation, "nous voyons, avec une baisse de 4% (du PIB, ndlr), un déficit d'un peu plus de 3%", a-t-il déclaré.
Le dollar valait vendredi vers 12H00 GMT 54 rouble et le baril de Brent, à Londres, 60,37 dollars.
La Russie est frappée de plein fouet par la chute des cours du pétrole, qui représente avec le gaz la majorité de ses revenus budgétaires. Le phénomène a en outre accentué l'affaiblissement du rouble, déjà plombé par les sanctions économiques liées à la crise ukrainienne.
La dépréciation de la monnaie russe a pris une tournure dramatique les 15 et 16 décembre, le rouble subissant sa pire chute depuis le placement de la Russie en défaut de paiement en 1998 avant de se reprendre.
M. Silouanov a confirmé, comme l'avait déjà évoqué la presse, que le gouvernement comptait réduire de 10% les dépenses inscrites dans le budget.
Mais "cela ne sera pas suffisant pour équilibrer le budget", a-t-il prévenu. "Nous avons des propositions quant aux nouvelles mesures qui doivent être prises".
Le ministre a critiqué le niveau élevé des dépenses militaires dans le budget prévu actuellement (un tiers des dépenses).
"Je pense qu'il est indispensable de répartir ces dépenses au profit des infrastructures, de l'éducation, etc. Il est difficile de soutenir de telles dépenses militaires", a-t-il expliqué, avançant l'idée d'une réduction des effectifs dans les services de sécurité.
Pour enrayer la chute du rouble, la banque centrale a augmenté radicalement son taux d'intérêt (17% contre 10,5%) et cette hausse des coûts des crédits risque de frapper de plein fouet ménages et entreprises et de plomber l'activité économique.
Officiellement, le gouvernement prévoit pour l'instant une baisse de 0,8% du PIB l'année prochaine, après une croissance évaluée à 0,6% cette année. Mais la banque centrale a déjà prévenu que si les cours du pétrole restaient à leur niveau actuel, la contraction de l'économie russe dépasserait 4,5%.