La France et l'Allemagne vont proposer de créer un "gouvernement de la zone euro" et d'instaurer une taxe sur les transactions financières, ont annoncé mardi le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel, à l'issue d'un sommet très attendu par les marchés.
Les deux dirigeants vont proposer que ce nouveau gouvernement économique, qui se réunira deux fois par an, soit dirigé par le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy, a dit M. Sarkozy au cours d'une conférence de presse commune avec Mme Merkel à l'issue de leurs entretiens à Paris.
"Nous allons vers une intégration économique renforcée de la zone euro", s'est félicité le président français, alors que le manque de coordination entre pays ayant adopté la monnaie unique a fait récemment tanguer les marchés.
Paris et Berlin vont aussi proposer que les 17 pays membres de la zone euro adoptent avant l'été 2012 la "règle d'or" sur l'équilibre budgétaire, déjà en vigueur en Allemagne et en cours d'adoption en France.
La disposition doit permettre de réduire à terme les colossaux déficits publics à l'origine de la crise que connait la zone euro depuis des mois.
Ces déclarations des dirigeants des deux économies les plus puissantes de la zone euro étaient très attendues par les marchés, échaudés par la crise de la dette, alors que la croissance économique s'essouffle en Europe. Mais leurs propositions ont été reçues avec tiédeur.
"C'est un peu décevant", a commenté, Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities à Paris. "Cela reste très flou. On parle de gouvernement économique européen, mais on met quoi dedans? Quels sont les pouvoirs de ce gouvernement? Aura-t-il le pouvoir de sanction ou celui de donner des orientations aux Etats?", s'est-il interrogé.
Sur le marché des changes, l'euro se redressait nettement face au dollar après les déclarations franco-allemandes. Les Bourses européennes avaient clôturé peu avant la conférence de presse sur une note prudente, Paris perdant 0,25% et Francfort 0,45%, tandis que Londres gagnait 0,13%.
En réponse à une vieille demande des milieux altermondialistes, M. Sarkozy a déclaré : "les ministres des Finances allemand et français déposeront sur la table des instances européennes une proposition commune, dès le mois de septembre prochain, de taxe sur les transactions financières".
En revanche, M. Sarkozy et Mme Merkel se sont dits opposés à la création d'euro-obligations qui remplaceraient les bons du Trésor émis par chaque Etat. La mesure était préconisée par plusieurs autres pays et par la Commission européenne pour ramener le calme sur les marchés de la dette.
Mme Merkel a dit ne pas croire "que les euro-obligations nous aideraient aujourd'hui". M. Sarkozy a pour sa part jugé que ces euro-obligations mettraient "gravement en danger" les pays les mieux notés et ne pouvaient être que l'"aboutissement d'un processus d'intégration".
Pour René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis, la création de ces obligations aurait pourtant été "la seule chose qui pourrait désamorcer la crise". "Si vous dites au marché que vous préparez le lancement d'obligations communes européennes, le marché réfléchirait à deux fois avant d'attaquer un pays".
M. Sarkozy et Mme Merkel se sont également déclarés opposés à l'augmentation de la dotation du Fonds européen de stabilité financière (FESF), un mécanisme de secours qui sera appelé à prêter de l'argent aux pays en difficulté ou à acheter leurs obligations. L'enveloppe actuelle de 440 milliards d'euros est suffisante, ont-ils estimé.
"Je suis confiant sur les perspectives économiques de la zone euro et du monde", a dit M. Sarkozy, qui a réaffirmé "la volonté absolue de la France de respecter ses engagements" en matière de réduction des déficits publics, alors même que le ralentissement de la croissance complique l'équation budgétaire.
"Je ne suis pas du tout pessimiste sur les perspectives de la croissance", a renchéri Mme Merkel.