Les élus du personnel de Spanghero ont estimé vendredi que "le projet commun de reprise de Delpeyrat et Deveille avec les salariés" peut permettre de sauver l'usine de plats cuisinés et de transformation de viande de Castelnaudary, en liquidation judiciaire avec poursuite de l'activité jusqu'à la mi-juillet.
Le ministre de l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, avait indiqué jeudi que l'offre de reprise des salariés allait être "améliorée grâce à l'appui de deux entreprises de la filière alimentaire, Delpeyrat et Deveille".
"Nous avons remis le dossier à l'administrateur judiciaire vendredi, avant l'heure butoir de midi et nous venons de l'expliquer aux salariés", a indiqué Jean Aparicio (FO) devant quelques journalistes.
L'offre prévoit que Delpeyrat (foie gras plats cuisinés), filiale landaise du groupe coopératif Maïsadour reprenne les plats cuisinés tandis que la société Deveille, de Feurs (Loire), spécialisée dans la transformation de la viande (abattage, steaks, saucisses) reprendrait l'activité similaire de Spanghero.
"Il y aurait deux sociétés, mais Delpeyrat et Deveille sont interdépendants, c'est un projet commun avec les salariés", a précisé Marie Favié, élue CFE-CGC.
Pour Mme Favié, "la fierté qu'on peut avoir c'est qu'avec toute l'énergie déployée on a la perspective que le site ne s'arrête pas".
Jean Aparicio estime que les deux partenaires sont "très sérieux, très professionnels" et devraient "apporter chacun environ 3 millions d'euros".
L'entreprise qui comptait 240 salariés avant d'apparaître comme un acteur majeur du scandale de la viande de cheval pourrait conserver environ 60 salariés dans la transformation de la viande et 25 dans les plats cuisinés.
C'est un peu moins que les 100 emplois qu'envisage de sauvegarder Laurent Spanghero qui a lui aussi déposé une offre de reprise. Fondateur de l'entreprise éponyme, Laurent Spanghero l'avait cédée à la coopérative basque Lur Berri en 2009.
Le tribunal de commerce de Carcassonne devrait trancher le 2 juillet sur l'avenir de la société.
Les représentants du personnel ne veulent pas opposer les deux offres mais ne dissimulent pas leur préférence pour le dossier Delpeyrat-Deveille en terme de "pérennité".
Les salariés se battent aussi pour obtenir de Lur Berri un plan social suffisant pour les licenciés. "Avec Lur Berri, le mariage d'amour a duré trois ans, mais le divorce est amer", a souligné Jean Aparicio.
La maison mère n'a pas répondu à leur revendication d'obtenir 1.000 euros d'indemnité par année de présence, se contentant, selon eux, de proposer une indemnité forfaitaire de 2.000 euros pour tous.
Ils espèrent encore obtenir gain de cause au prochain Comité d'entreprise qui devrait avoir lieu le 28 juin.
Les salariés multiplient depuis plusieurs semaines les opérations de blocages de sites de Lur Berri ou de sa filiale Labeyrie dans les Landes ou les Pyrénées-Atlantiques.
Une nouvelle distribution de tracts est prévue samedi au festival de la viande de Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques). "Chaque fois qu'ils participent à une manifestaiton publique on est là et leur image en prend un coup", explique M. Aparicio.