Fumer devrait devenir encore plus cher à partir du 1er janvier et de nombreuses marques pourraient atteindre, voire dépasser, les 7 euros, au grand dam sans doute des fumeurs mais aussi des buralistes confrontés à une baisse sensible des ventes.
Les industriels du tabac ont jusqu'au 15 novembre pour indiquer au ministère du Budget s'ils comptent changer leurs prix au 1er janvier et de combien et, selon plusieurs sources proches du dossier, ils vont demander des hausses de 20, 30 voire 40 centimes, a-t-on appris de sources proches du dossier. Le ministre du Budget, qui avait déjà indiqué qu'une hausse aurait lieu en janvier, rendra public les nouveaux tarifs au plus tard fin décembre.
Cette augmentation des prix compenserait la hausse de la TVA (de 19,6 à 20%) et de la part revenant au buralistes (de 8,6 à 8,7% brut par paquet). Du fait de la fiscalité très complexe des produits du tabac, cela réduirait les revenus des cigarettiers d'environ 5%, soit 30 à 40 centimes par paquet.
Si elle est confirmée, cette hausse serait la troisième, en 15 mois, après une augmentation de 40 centimes en octobre 2012, puis de 20 centimes en juillet, et amènerait les paquets autour de 7 euros.
Le président des buralistes, Pascal Montredon, a fait part de l'inquiétude du réseau, dans un contexte de chute des ventes de 9,55% de janvier à septembre.
"Une nouvelle hausse des prix, ce serait de la folie", assure-t-il espérant qu'il ne s'agit là que "de rumeurs". "J'espère que le bon sens l'emportera", a encore estimé M. Montredon, en rappelant que les ventes de cigarettes sont en baisse de plus de 9% depuis le début 2013.
Effet e-cigarettes ?
"Les consommateurs fument autant mais il vont acheter ailleurs", assure-t-il, c'est-à-dire à l'étranger, via internet ou sous le manteau, mais pas chez les buralistes. Au moins une cigarette sur cinq fumée en France ne provient pas du réseau officiel, selon plusieurs études convergentes.
L'essor fulgurant du marché de la cigarette électronique (un marché évalué entre 100 et 200 millions d'euros en France) pèse également sur le marché du tabac.
Pour le Pr Bertrand Dautzenberg, président de l'Office français de prévention du tabagisme, une telle hausse ne sera "en rien une mesure de santé publique".
Elle va "gaver les cigarettiers et les buralistes aux dépens des recettes fiscales et de la santé publique", déplore-t-il, en notant que le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2014 "ne contient à ce jour aucune mesure fiscale sur le tabac". En revanche, en augmentant certaines des taxes appliquées au tabac, le gouvernement pourrait accroître les revenus de l'Etat versés à la Sécu sans revaloriser ceux des fabricants et des distributeurs.
Officiellement, les fabricants sont libres de fixer le prix des cigarettes en France, même s'ils sont soumis à homologation du ministère du Budget qui doit vérifier, notamment, que le prix n'est pas trop bas. Pourtant à chaque hausse, toutes les marques relèvent leurs tarifs de manière absolument identique.
Qu'en sera-t-il en janvier ? Selon le JDD, trois fabricants: British American Tobacco (Lucky Strike), Japan Tobacco (Camel, Winston) et Imperial Tobacco (Gauloise) souhaitent une hausse de 30 centimes. Cela gênerait leur concurrent Philip Morris dont la marque phare Marlboro (env. 25% de parts de marché) dépasserait la barre psychologique des 7 euros à 7,10 euros.
Toujours selon le Journal du dimanche, Philip Morris négocierait "avec l'Etat une compensation financière".
Le marché représente 51,45 milliards de cigarettes en 2012 (en baisse de 4,9% par rapport à 2011), soit 2,7 milliards de paquets et 17,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Plus de 80% du produit du tabac revient à l'Etat (13,9 milliards d'euros en 2012 tous produits du tabac confondus), plus de 8% au buralistes et environ 11% aux cigarettiers pour la fabrication et la distribution.