Après la levée par la France des restrictions de voyage vers les stations balnéaires en Tunisie, les voyagistes qui font face à une chute des réservations sur ce pays, espèrent encore sauver cette destination alors que la haute saison débute dans quelques semaines.
Samedi, le quai d'Orsay a levé ses restrictions de voyage sur des villes côtières tunisiennes (Monastir, Hammamet, Sousse..) et l'île de Djerba, mais continue de déconseiller aux voyageurs de se rendre dans l'intérieur du pays.
Face aux troubles en Tunisie qui ont conduit à la chute de l'ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, le ministère des Affaires étrangères avait demandé à la mi-janvier de différer les voyages non urgents vers la Tunisie.
Cette recommandation avait entraîné le retour anticipé de quelque 9.000 vacanciers français et la suspension, depuis, des départs.
Depuis quelque temps, les voyagistes, qui de plus ont vu l'important marché égyptien se tarir, ont multiplié les initiatives auprès du quai d'Orsay et des autorités tunisiennes pour rouvrir la destination même partiellement, car jamais les touristes n'ont été mis en danger par la Révolution du jasmin.
Patrons de tour-opérateurs, de l'aviation marchande et des agences de voyage se sont encore rendus à Tunis cette semaine pour rencontrer le ministre du Tourisme Mehdi Houas, décidé à sauver cette source importante de revenus.
L'enjeu est de taille: en France, la destination attire 1,4 million de vacanciers (sur 6 millions de touristes en moyenne par an en Tunisie) et pèse lourd dans le chiffre d'affaires des voyagistes.
Pour la Tunisie, le secteur touristique, premier pourvoyeur de devises, représente 6,5% du Produit intérieur brut et emploie plus de 350.000 personnes sur dix millions d'habitants.
"On peut sauver encore une grande partie du printemps et se repositionner sur l'été", a déclaré samedi à l'AFP René-Marc Chikli, le patron des tour-opérateurs français.
Les voyagistes ont enregistré une chute vertigineuse des réservations vers la Tunisie et craignent que les Français continuent de se détourner de la destination. Certains professionnels s'attendent ainsi à perdre entre 30% et 50% de clients en 2011.
Un récent sondage montrait que 44% des Français qui comptaient se rendre en Tunisie dans les 12 prochains mois allaient changer de destination au profit des Canaries, de l'Espagne ou de la France.
Les chiffres sont clairs : en février, selon M. Chikli, les touristes français sont habituellement "environ 35.000, en mars ils passent à 45.000 puis 80.000 en avril".
Georges Colson, le président du Syndicat national des agences de voyage, a affiché sa satisfaction face à la réouverture d'une grande partie de la Tunisie, "même si les départs se faisant le week-end, il faudra attendre la semaine prochaine pour voir l'activité repartir".
Pour Fram, "le prochain départ aura lieu dimanche 20", a assuré à l'AFP son PDG Antoine Cachin qui n'espère pas remplir l'avion ce jour-là.
"On va monter en puissance progressivement", dit-il alors que l'entreprise fait partir 60.000 de ses 80.000 clients annuels vers la Tunisie entre Pâques et octobre.
Réunis en fin d'après-midi, les tour-opérateurs du Ceto ont annoncé que "les voyages vont reprendre en fonction de conditions opérationnelles aériennes et terrestres". L'important, soulignent-ils, est de relancer ventes et départs en espérant que les Français auront envie de soutenir la nouvelle démocratie tunisienne.
Pour les y aider, lundi, le ministère tunisien du Tourisme va lancer sur internet une campagne baptisée "I love Tunisia".