par Maya Nikolaeva et Huw Jones
PARIS (Reuters) - Certaines banques installées à Londres ont déjà obtenu des licences leur permettant d'exercer leurs activités à Paris après le Brexit, alors que les projets de réformes d'Emmanuel Macron devraient accroître les chances de transformer Paris en une place financière majeure en Europe, a déclaré à Reuters Christian Noyer, ancien gouverneur de la Banque de France.
Christian Noyer, qui avait été chargé par la majorité précédente de défendre les couleurs de Paris, a souligné que la vision qu'avaient les banquiers étrangers de la France s'était grandement améliorée depuis l'élection d'Emmanuel Macron, ancien banquier d'affaires chez Rothschild et ancien ministre de l'Economie.
"Il est évident qu'il est aujourd'hui plus facile de 'vendre' la France grâce à Macron. Le contexte a changé", a-t-il déclaré à Reuters lors d'un entretien accordé à Paris.
L'attractivité de Paris était jusqu'à présent faible en raison du niveau des charges sociales et d'une fiscalité élevée.
Paris a néanmoins réagi en proposant un régime fiscal plus favorable pour les expatriés et en créant une procédure accélérée pour obtenir une licence d'exploitation en France.
Emmanuel Macron s'est pour sa part engagé pendant la campagne présidentielle à alléger les charges des entreprises, simplifier le droit du travail et réformer le système de retraite.
"Maintenant, avec ce programme de réforme, si tout se déroule comme prévu, d'ici trois ou quatre mois nous devrions avoir une meilleur flexibilité du travail qu'en Allemagne et ailleurs", a estimé Christian Noyer.
La sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne (UE) devrait entraîner la perte du "passeport européen", qui assure aux grandes banques internationales basées sur son sol l'accès aux marchés financiers de l'UE.
Ces dernières étudient actuellement différentes options afin de relocaliser une partie de leurs activités sur le continent européen, une fois que le Royaume-Uni sera sorti de l'Union européenne.
Pour l'heure, la banque HSBC est la seule grande institution à avoir annoncé son intention de déplacer une partie importante de son personnel de Londres à Paris.
Des places comme Francfort, où est située la Banque centrale européenne, ou encore Dublin et Luxembourg ont été jugées jusqu'à présent plus attractives que Paris pour y transférer des activités financières.
Dans le cadre de sa mission, Christian Noyer a rencontré des centaines de banquiers à Londres, New York et dans le reste du monde afin de les convaincre des atouts de Paris.
"Dans certains cas, des banques n'ont même pas besoin d'une licence. Certaines ont déjà obtenu des licences et ont décidé de ne pas l'annoncer", a-t-il observé.
"Elles ont décidé de ne rien dire et je respecte leur décision. C'est un peu frustrant mais c'est comme ça", observe-t-il.
(Jean-Michel Bélot pour le service français, édité par Bertrand Boucey)