Le régulateur des banques suisses a pris l'initiative exceptionnelle d'imposer à l'UBS, la première banque du pays, d'accroître de 50% le montant de ses actifs jugés à risque en raison des contentieux juridiques en cours.
Cette décision, qui va obliger la banque à mettre de nouveaux fonds de côté pour éviter une dégradation de ses ratios de solvabilité, a été imposée par la Finma à la fin du trimestre, a indiqué la banque à l'occasion de la publication de ses résultats du troisième trimestre, inférieurs aux attentes.
Suite à cette annonce, l'action UBS s'est effondrée à la Bourse suisse, perdant jusqu'à 6% en début de séance.
Les actifs considérés comme à risque par UBS se montaient à 55 milliards de francs suisses (45,8 milliards d'euros) à la fin du troisième trimestre. La surcharge imposée par la Finma au regard de précédentes affaires vécues par la banque devrait les accroître de 28 milliards, portant leur poids à 83 milliards de francs suisses (69 milliards d'euros).
La banque a expliqué que ces exigences plus dures pourraient retarder d'au moins un an son objectif d'atteindre un rendement des fonds propres de 15% à l'échelle du groupe d'ici 2015.
Le bilan des banques est composé de plusieurs éléments, dont les actifs pondérés en fonction des risques. Ceux-ci permettent d'évaluer les dommages potentiels auxquels s'expose un établissement.
Une série de scandales
Interrogée par l'AFP, la Finma n'a pas souhaité indiquer si le relèvement de ces exigences était lié à l'enquête ouverte début octobre sur des éventuelles manipulations des cours des devises étrangères.
Secouée par une série de scandales dans sa banque d'affaires, UBS avait amorcé l'an passé un vaste plan de restructuration, l'objectif étant de remettre l'accent sur la gestion de fortune, son cœur de métier.
Sa banque d'investissement a pourtant continué d'essuyer des revers, en particulier avec le scandale du Libor pour lequel UBS s'est vu imposer une amende de 1,4 milliard de francs suisses. En juillet 2013, UBS a également dû régler une amende de 885 millions de dollars émanant du régulateur américain dans le cadre du litige sur les subprimes.
Le relèvement des exigences de la Finma a amplement occulté les chiffres publiés par UBS pour le troisième trimestre. Pour la période allant de début juillet à fin septembre, son bénéfice net s'est établi à 577 millions de francs suisses (467 millions d'euros), contre une perte de 2,1 milliards sur la période comparable l'an passé. Le produit d'exploitation a quant à lui atteint 6,2 milliards de francs suisses, en très légère baisse sur un an.
Les analystes interrogés par l'agence AWP tablaient sur un résultat net de 600 millions et un produit d'exploitation de 6,6 milliards de francs suisses.
Ces résultats marquent cependant un ralentissement par rapport au second trimestre, que la banque a attribué à la baisse saisonnière d'activité pendant l'été et à un environnement de marché qualifié "d'éprouvant".
La division de gestion de fortune a ainsi légèrement marqué le pas, enregistrant un résultat d'exploitation avant impôts de 555 millions de francs suisses. Les afflux nets d'argent frais, qui avaient fortement progressé au cours des derniers trimestres, se sont émoussés, totalisant 5 milliards de francs suisses, contre 10,1 milliards au trimestre précédent.
La division de gestion de fortune dans la région Amériques, qui est comptabilisée séparément, a de son côté dégagé un résultat d'exploitation avant impôt de 202 millions de francs suisses, contre 232 millions de francs suisses au deuxième trimestre.
La banque d'investissement a de son côté affiché un résultat d'exploitation avant impôts de 251 millions de francs suisses.
Sergio Ermotti, le directeur général, a cependant estimé que ces résultats démontraient la capacité de la banque à faire face à des conditions de marchés plus difficiles.
"Nos résultats de ce trimestre sont une preuve supplémentaire de l'efficacité de notre modèle d'affaires, indépendamment des conditions de marché", a-t-il déclaré dans le communiqué.