La première banque suisse UBS a renoué avec les bénéfices en 2010 après trois années de pertes successives en raison de la crise financière, profitant d'un retour de confiance de sa clientèle en Asie et outre-Atlantique.
L'établissement zurichois, l'un des plus touchés au monde par la crise financière, a annoncé mardi un profit net de 7,2 milliards de francs suisses (5,5 milliards d'euros), conforme aux prévisions des analystes interrogés par l'agence financière AWP.
Si, après cinq trimestres positifs, ce résultat n'a pas surpris les marchés, il marque tout de même la fin de trois années de déboires, au cours desquelles la banque a frôlé la faillite et n'a dû son salut qu'à l'aide des autorités suisses.
La banque avait réalisé son dernier bénéfice en 2006, année où elle avait dégagé un profit de 12,3 milliards. Happée de plein fouet par ses investissements dans le marché des crédits immobiliers à risque américains, le groupe avait subi une perte de 5,2 milliards en 2007, passée à 21,3 milliards en 2008 avant de se résorber à -2,7 milliards en 2009.
"Le résultats annuels n'ont pas été entièrement satisfaisants. Nous avons encore un travail important à achever dans toutes les divisions", a admis le directeur général Oswald Grübel lors d'une conférence de presse.
Au dernier trimestre, la banque a en effet enregistré un bénéfice net de 1,3 milliard de francs suisses, en recul de 23,5% par rapport au trimestre précédent, signe de la fragilité de la reprise.
La division gestion de fortunes Amériques a ainsi subi une perte de 33 millions de francs suisses, notamment en raison d'une provision pour frais de justice de 152 millions.
Les résultats de la banque d'affaires, qui a été à l'origine des pertes abyssales du groupe, ont été "décevants" de l'aveu du directeur financier John Cryan. Le bénéfice de 75 millions de francs suisses a ainsi pâti d'une perte sur ses propres crédits de 509 millions.
Sur le front des entrées de capitaux, la situation s'est en revanche améliorée, démontrant le retour de confiance de la clientèle.
Les afflux nets d'argent, qui s'étaient fortement taris durant les années de crise, se sont établis à 7,1 milliards de francs suisses entre octobre et décembre, contre 1,2 milliard au troisième trimestre.
Alors que l'Asie et les Amériques ont enregistré des entrées notables de capitaux, l'Europe, où la lutte contre les fraudeurs au fisc s'est intensifiée, a subi des sorties d'argent.
"Les entrées nettes d'argent ont continué de se stabiliser au quatrième trimestre et je suis assez positif pour 2011", a estimé M. Grübel. "La confiance en UBS augmente et je pense que nous allons avoir plus de preuves pour cela" cette année, a-t-il poursuivi.
La banque a par ailleurs annoncé s'attendre au premier trimestre "à une certaine amélioration des résultats du négoce" dans la banque d'affaires par rapport aux deux trimestres précédents.
UBS, qui avait versé son dernier dividende en 2007, ne va pas reprendre les versements aux actionnaires à brève échéance, le groupe préférant d'abord renforcer son capital en prévision des changements régulatoires de Bâle III, a souligné le directeur général.
L'établissement a également confirmé son objectif à moyen terme d'un bénéfice avant impôts de 15 milliards de francs suisses.
"UBS est sur le meilleur chemin pour atteindre ses objectifs", ont souligné les analystes de Vontobel.
Les investisseurs ont positivement réagi à ces annonces. Après avoir ouvert en baisse, le titre progressait de 2,29% à 17,90 francs suisses, dans un marché quasiment stable (+0,06%) à 11h33 GMT.