Par David Wagner
Investing.com - Le dollar américain a commencé le mois d'août par un rebond hier après avoir subi sa pire chute mensuelle depuis un peu moins de dix ans en juillet, mais il est encore loin d’annuler le biais baissier qui domine depuis plusieurs semaines.
Et à en croire certains analystes, la baisse devrait rapidement reprendre, et s’accentuer vers de nouveaux creux.
Le Dollar Index, qui mesure le billet vert par rapport à un panier de six autres devises, a baissé de 4,2 % en juillet, sa plus forte baisse sur un mois depuis septembre 2010. Il avait par ailleurs rejoint vendredi matin un creux de 2 ans.
Steven Barrow, responsable de la stratégie G-10 à la Standard Bank, a souligné que la faiblesse du dollar par rapport aux monnaies développées survient à un moment où l'incertitude mondiale entourant la pandémie COVID-19 s'accroît, ce qui est inhabituel, puisque le Dollar a tendance à se comporter "un peu mieux" par rapport à ses homologues des économies développées pendant une crise, grâce à son statut de valeur refuge a-t-il déclaré dans une note de vendredi.
Barrow s'est inquiété du fait que la combinaison de l'incertitude économique et politique croissante dans le contexte de la pandémie COVID-19 et à l'approche de l'élection présidentielle de novembre pourrait constituer un "risque de crash" pour le Dollar US.
Barrow a fait valoir que les réductions de taux et autres mesures d'assouplissement de la Réserve fédérale et la chute des rendements du Trésor à des niveaux historiquement bas ou proches de ceux-ci ont considérablement réduit la prime de taux américaine par rapport aux autres devises "sûres".
Il a souligné le quasi-gel du marché du Trésor américain au plus fort de la crise du coronavirus au début de l'année, qui pourrait rendre les opérateurs et les investisseurs réticents à se diriger vers les Bons du Trésors dans l'éventualité d'un autre événement majeur à risque.
Il a également souligné le risque des élections, rappelant que le président Donald Trump a soulevé la question du report du vote jeudi dernier, alléguant le potentiel de fraude autour des bulletins de vote par correspondance.
Et bien qu'il soit pratiquement certain que le vote aura lieu le 3 novembre, la suggestion de Trump "n'est qu'une indication supplémentaire que l'élection ne se déroulera pas aussi bien que nous en avons l'habitude dans un pays développé", selon Barrow. "Et, si [Trump] refuse de quitter ses fonctions après une défaite - contestée -, cela pourrait vraiment nuire à la crédibilité des États-Unis à l'échelle mondiale.”
Au final, Barrow résume en estimant que c’est la confiance qui déterminera le sort du Dollar à moyen terme :
"Si la confiance a disparu dans l'économie américaine, l'élaboration des politiques, la crédibilité des élections et plus encore, alors le dollar pourrait s'effondrer, au moins par rapport aux autres grandes monnaies. ”