Une quarantaine de grands patrons chinois font escale à Paris jusqu'à dimanche pour tenter de s'imprégner du concept de contrat social à la française, en multipliant visites de fleurons de l'industrie française et rencontres diplomatiques.
Parmi eux les patrons du conglomérat Fosun, de Mengniu (produits laitiers), Lenovo (informatique), Alibaba (commerce en ligne), Delong (sidérurgie), Sina (réseau social) et des responsables des banques et de sociétés d'investissements. Tous membres du Club des entrepreneurs de Chine (CEC) qui génère un chiffre d'affaires cumulé représentant 40% du PIB privé chinois, soit un peu moins de 20% de la richesse produite dans le pays.
"Dignité contractuelle et nouvelle économie", tel est le thème de la mini-tournée européenne de la délégation du Club des entrepreneurs de Chine (CEC) qui, après deux jours en Belgique, devait arriver lundi soir dans la capitale française.
"Il est important que les entreprises soient conscientes de leurs responsabilités sociales et qu'elles mettent en oeuvre de bonnes pratiques contractuelles", précise le CEC dans un communiqué, citant l'oeuvre de Jean-Jacques Rousseau "Du contrat social" comme fil rouge.
"Durant cette visite, la délégation a pour objectif d'en apprendre davantage sur les entreprises françaises et de faire la preuve de l'image positive des entreprises privées chinoises", a poursuivi le Club.
"La toile de fond des débats et rencontres (...) sera la question des investissements chinois, en quête de savoir-faire et d'accès à de nouveaux marchés, dans des entreprises européennes confrontées à un contexte financier difficile", a commenté Jean-François Dufour, directeur du cabinet de conseils DCA Chine-Analyses, estimant que ce déplacement constitue "un enjeu majeur pour la Chine, à l'affût de toutes les opportunités".
4% des investissements étrangers en France sont chinois
"Mais aussi pour la France, pour l'instant distancée par l'Allemagne et le Royaume-Uni dans la course aux investissements chinois", a-t-il ajouté.
Selon l'Agence des investissements internationaux (Afii) --VRP de la France à l'étranger--, la Chine s'est affirmée en 2012 comme un "acteur dynamique" devenant le huitième pays investisseur étranger en France avec 31 décisions d'investissements (645 emplois), soit +35% sur un an. Sa part est de 4% des investissements étrangers dans l'Hexagone, loin derrière les Etats-Unis (23%) et l'Allemagne (16%).
Les investisseurs chinois ont mené ces dernières années une offensive sur les vignobles français, engrangeant une trentaine de châteaux du Bordelais et Gevrey-Chambertin en Bourgogne.
Au programme de la délégation, côté business: visites --guidées par les patrons-- de Dassault Systèmes, d'Atos, de Cartier, de Schneider Electric ainsi que de Chanel et BNP Paribas, entrecoupées de séminaires en compagnie de Jean-Paul Agon (L'Oréal) et Maurice Levy (Publicis).
Les patrons chinois doivent aussi rencontrer 17 de leurs homologues français (Lafarge, Peugeot, EDF, Alstom, Areva, Thales, etc) lors d'une halte à la Fondation Charles de Gaulle, qui s'apprête à célébrer le cinquantenaire de l'initiative du général de Gaulle le 27 janvier 1964 d'établir des relations diplomatiques entre la France et la république populaire de Chine.
Le menu diplomatique prévoit une rencontre mardi matin au palais de l'Elysée avec le président François Hollande, puis avec le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius dans l'après-midi. Les dirigeants chinois doivent également participer à un séminaire au Sénat jeudi matin et visiter HEC Paris dans l'après-midi.