par Pete Sweeney
SHANGHAI (Reuters) - La semaine à venir pourrait être décisive pour les marchés boursiers chinois après la série de mesures sans précédent adoptées ces derniers jours pour tenter d'endiguer la chute des cours, qui menace de déstabiliser la deuxième économie mondiale.
Le gouvernement attend l'ouverture des Bourses de Shanghai et Shenzhen lundi matin pour voir si ces mesures suffiront à interrompre un mouvement qui les a fait chuter de 30% en trois semaines, ou si les investisseurs individuels qui ont emprunté en masse pour spéculer sur les actions continueront de vendre.
Une enquête réalisée sur internet par le distributeur de fonds eastmoney.com ce week-end, à laquelle ont répondu plus de 100.000 personnes, montre que les investisseurs croient à un rebond de plus de 5% lundi. Mais bon nombre d'entre eux estiment que la hausse sera de courte durée.
"Il va falloir que la banque centrale ouvre les vannes en grand pour nous ramener à 4.500 points à Shanghai", a déclaré un gérant de fonds local.
L'indice phare de la Bourse de Shanghai, qui évoluait à plus de 4.700 points le 25 juin, a perdu 22% depuis, terminant vendredi à 3.684 points.
Le marché actions chinois avait auparavant plus que doublé en un an, malgré les signes multiples de ralentissement de la croissance et la dégradation des résultats des entreprises cotées, une évolution qui a conduit de nombreux observateurs, y compris les autorités boursières, à conclure que l'évolution du marché était exagérée.
Le mouvement de baisse amorcé mi-juin a dans un premier temps été présenté comme une correction "saine" mais il est rapidement apparu qu'il était incontrôlable.
UNE STABILISATION LOIN D'ÊTRE GARANTIE
Une baisse surprise des taux d'intérêt par la banque centrale dimanche dernier, l'assouplissement des règles en vigueur en matière d'opérations sur marge (c'est à dire financées par l'emprunt) et d'autres mesures dites de "stabilisation" n'ont pas suffi à rassurer les investisseurs et à freiner les ventes : sur la semaine écoulée, le marché a encore chuté de 12%.
Mais désormais, les plus hautes autorités du pays semblent perdre patience, comme l'ont montré les annonces successives des deux derniers jours : samedi, les principales sociétés de courtage du pays ont promis d'acheter pour au moins 120 milliards de yuans (17,4 milliards d'euros) d'actions et de ne pas les revendre tandis que l'indice composite de Shanghai ne serait pas remonté à 4.500 points.
Quelques heures plus tard, 28 entreprises ont annoncé simultanément le report de leur projet d'introduction en Bourse, des décisions sans doute prises à l'initiative des autorités.
Dimanche, la Commission de contrôle boursier (CSRC) a annoncé que la banque centrale allait fournir des liquidités à la China Securities Finance Corp, une société publique de financement d'opérations sur marges.
De son côté, le groupe public d'investissement Central Huijin a dit avoir commencé à acheter des fonds indiciels (ETF) et promis qu'il continuerait de le faire.
Ce bouquet de mesures vise avant tout à montrer aux millions d'investisseurs individuels, qui assurent environ 85% des transactions sur les marchés actions chinois, que les autorités soutiennent la Bourse. Mais rien ne garantit qu'il suffira à interrompre la baisse de celle-ci.
Pour Li Feng, trader de Fortune Securities, les montants que les courtiers et les gérants de fonds ont promis d'injecter dans le marché sont faibles par rapport à celui des positions sur marges qui restent à déboucler.
Certains analystes estiment que les prêts sur marges, formels et informels, pourraient représenter environ 4.000 milliards de yuans.
(Marc Angrand pour le service français)