Confrontée à une détérioration de ses marges dans l'eau en France --son ancienne poule aux oeufs d'or-- Veolia Eau va supprimer 10% de ses effectifs français, soit 1.500 postes, avec la volonté affichée par la direction d'éviter "tout départ contraint".
"La raison de cette décision, c'est d'abord une transformation profonde du marché de l'eau en France", a expliqué à l'AFP la direction de Veolia Eau France, numéro un sur le marché hexagonal devant son grand rival Suez Environnement (Lyonnaise des Eaux).
Outre le retour de certaines villes à la régie publique, comme récemment à Nice, l'ex-Générale des Eaux a vu la durée des contrats se raccourcir et doit aussi accorder des remises importantes aux communes et aux collectivités de plus en plus exigeantes lors des négociations.
"L'autre aspect, c'est que le métier devient de plus en plus technologique, ce qui implique des gains de productivité, ce qui a forcément un impact sur l'emploi", a justifié l'entreprise.
Ces annonces, dénoncées par les syndicats, ont été faites par le directeur général de Veolia Eau Jean-Michel Herrewyn aux élus du personnel mardi, lors d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire, dans le cadre du plan de "transformation" dit "Hellebore" lancé il y a deux ans.
La direction "a bien ouvert une négociation avec les organisations syndicales pour un accord global sur l'emploi pour adapter la structure de ses emplois et de ses effectifs", a-t-elle confirmé, chiffrant les suppressions à 1.250 postes "sur les activités d'exploitation", et 250 sur les fonctions administratives dites de "support".
"L'idée, c'est d'éviter tout départ contraint", a assuré un porte-parole de la direction. "On va avoir recours à des solutions de reclassement et de réorientation au sein de l'entreprise par des mobilités internes en renforçant certaines filières comme celle des travaux pour réduire la réduction des 1.500 postes".
34% de l'eau potable en France
Il s'est néanmoins refusé à chiffrer le nombre de suppressions d'emplois nettes, en soulignant que les discussions avec les syndicats venaient de s'ouvrir pour une durée de trois mois.
Numéro un mondial dans l'eau, Veolia Environnement est aussi leader dans l'eau en France, avec 34% du marché dans la distribution et 22% dans l'assainissement, pour un chiffre d'affaires annuel de 3,4 milliards d'euros, soit 11,5% du total de Veolia.
Pour Franck Leroux, délégué central CGT, premier syndicat du groupe, "ce plan ne fera qu'accentuer et dégrader les conditions de travail". Comment pourrons-nous assurer nos missions de service public?", s'est-il interrogé en appelant au "rassemblement des organisations syndicales pour lutter contre le projet".
La direction a aussi annoncé "une réduction des droits à congé avec une suppression des aménagements du temps de travail, comme les RTT", a déploré Christophe Gandhillon, délégué central FO.
Une négociation sur "l'adaptation de l'organisation du temps de travail", fait aussi partie du plan, selon la direction.
Début janvier, une centaine de militants syndicaux CGT, CFDT, CFE-CGC et FO de Veolia s'étaient rassemblés devant le siège parisien de l'entreprise pour dénoncer une politique de réduction des effectifs qui a des "effets néfastes sur les conditions de travail", a rappelé Hervé Deroubaix, délégué central CFDT.
Les syndicats contestaient déjà la politique de l'emploi menée par le groupe avec un gel des embauches qui a "des effets néfastes tant sur les conditions de travail que sur la qualité des services rendus".
Veolia, qui tire 41% de son chiffre d'affaires de ses activités dans l'eau dans le monde, a vu la rentabilité de sa division eau chuter, avec une baisse de 22,5% de ses bénéfices opérationnels l'an dernier, tirée vers le bas par les difficultés sur le marché français.