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Dialogue social: la CGT fait monter les enchères

Publié le 14/10/2015 16:30
Le numéro un de la CGT Philippe Martinez, le 23 septembre 2015 à Paris (Photo Thomas Samson. AFP)

Le numéro un de la CGT Philippe Martinez, le 23 septembre 2015 à Paris (Photo Thomas Samson. AFP)

Ira-t-il, n'ira-t-il pas? Le numéro un de la CGT Philippe Martinez fait planer le doute sur sa participation à la quatrième conférence sociale du quinquennat lundi, dénonçant les modalités de dialogue prôné par François Hollande, dans un climat social très dégradé après les violences à Air France.

"La question de notre participation est encore en débat à la direction" de la CGT, a prévenu M. Martinez. La décision sera prise mercredi soir par la commission exécutive (exécutif élargi) de la centrale, réunie à Limoges, où la CGT fête ses 120 ans.

Son grief: plusieurs sujets que la CGT souhaite voir sur la table, notamment les salaires et le temps de travail - la CGT propose de le réduire à 32 heures - ne sont pas au menu.

La menace du boycottage a surpris jusqu'aux cadres de la centrale : la direction, qui connaissait déjà les thèmes de la rencontre, avait acté au début du mois "la participation" de la CGT, mais avec une voilure réduite, limitée à quatre personnes dont le numéro un, a indiqué à l'AFP une source interne.

Mais entre-temps est survenu le conflit à Air France, qui a dégénéré le 5 octobre en des violences de quelques salariés contre des cadres dirigeants de la compagnie. Le gouvernement a condamné ces actes, émanant de "voyous", selon le Premier ministre Manuel Valls.

M. Martinez a reproché au gouvernement de ne pas dénoncer avec la même véhémence la "violence" du plan de la direction menaçant 2.900 emplois. Il a jugé "proprement scandaleuses" les interpellations lundi des cinq salariés qu'"on a été chercher chez eux à 6 heures du matin, devant leurs familles, devant leurs enfants".

Un délégué CGT des chantiers navals STX, Sébastien Benoit, a refusé mardi de serrer la main du président Hollande, déclinant de "lui rendre la politesse" au regard "de ce qui se passe à Air France".

- 'climat social difficile' -

Désormais, côté exécutif, la tonalité a changé: François Hollande a dénoncé mardi non seulement la "brutalité dans les mouvements" mais aussi "la brutalité d'un certain nombre de décisions qui peuvent être celles des patrons". Il a estimé qu'à Air France, il faut "un accord qui préserve l'emploi" et "assure la compétitivité".

"Si nous voulons éviter des confrontations, des violences, des stigmatisations, il faut dialoguer", a assuré le président, qui a voulu faire du dialogue social la marque de son quinquennat.

La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a préconisé mercredi la suspension du plan de restructuration d'Air France tandis que sa collègue Myriam El Khomry (Travail) a demandé à la compagnie de mettre "plusieurs propositions sur la table".

"Le climat social est difficile", a reconnu Mme El Khomry, mais "je crois en notre capacité collective à trouver des compromis. La conférence sociale est une occasion: échangeons et proposons", a-t-elle dit.

Mais, "pour dialoguer, il faut être deux, ne pas confondre dialogue social et monologue social", a prévenu sur Europe 1 M. Martinez.

"Pour l'instant, c'est +je parle vous m'écoutez, j'agis et vous exécutez+", résume-t-il. Que le gouvernement "écoute" les syndicats et les salariés et "les choses s'amélioreront dans le climat social", selon lui.

La CGT avait déjà boycotté la dernière conférence sociale de juillet 2014, comme Force ouvrière, la FSU et Solidaires, arguant du report d'un décret sur la pénibilité. Mais son numéro un, Thierry Lepaon, avait pris part à la rencontre avec le président Hollande en début de conférence.

Cette fois, la direction de la FSU, réunie mercredi, a décidé de participer à cette 4e conférence, a annoncé à l'AFP le syndicat.

Le numéro un de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a déjà fait savoir qu'il y serait aussi.

En revanche, l'Union syndicale Solidaires a décidé d'un boycott. Sa position est motivée à la fois par "le lynchage des salariés d'Air France" et la décision du gouvernement de passer en force sur le projet concernant les fonctionnaires, "malgré le rejet des syndicats majoritaires", a affirmé à l'AFP, Eric Beynel, porte-parole de Solidaires.

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