Le président de la Bundesbank Jens Weidmann a réitéré lundi ses mises en garde contre un élargissement des aides consenties aux pays de la zone euro, dans une allocution devant les députés du Bundestag, le parlement allemand.
Les décisions prises le 21 juillet, notamment l'élargissement des attributions du fonds européen FESF pour lui permettre d'acheter sur le marché secondaire des obligations de pays en difficulté, "représentent un nouveau pas en direction d'une responsabilité commune et d'une moindre sanction par les marchés de capitaux, sans qu'en contrepartie les possibilités de contrôle et d'influence sur les politiques nationales soient accrues", déplore M. Weidmann selon le texte de son intervention diffusé à l'avance.
M. Weidmann est entendu lundi par la commission du Budget du Bundestag, au même titre que plusieurs autres experts, notamment le président du FESF, l'Allemand Klaus Regling. Les députés allemands doivent se prononcer le 29 septembre sur l'élargissement du FESF, décidé fin juillet par les dirigeants européens, et les propositions sur la table ne font pas l'unanimité au sein de la majorité conservatrice-libérale de la chancelière Angela Merkel.
Les propos de M. Weidmann sont peu à même de réconcilier les réfractaires avec le projet.
"La politique budgétaire va continuer à être menée au niveau national par des parlements démocratiquement légitimes", constate-t-il, mais "les risques et les charges qui en résultent seront portés dans une plus grande mesure par les pays financièrement solides, sans possibilité d'intervention en contrepartie".
Le président de la Bundesbank, un ancier proche conseiller de Mme Merkel en poste depuis quelques mois seulement, s'en prend tout particulièrement aux achats de dette publique par le FESF.
"Dans le cas des achats sur le marché secondaire d'obligations de pays qui ne bénéficient pas de programmes d'aide, on voit mal comment ils pourraient être conditionnés à des exigences de consolidation bugétaire et de réformes, et comment cela peut être conforme à l'objectif d'utiliser ces aides comme dernier recours", attaque-t-il.
C'est la Banque centrale européenne (BCE) qui s'acquitte, depuis mai 2010 et avant que le FESF ne reprenne le flambeau, de la tâche de racheter de la dette publique des pays qui ne peuvent plus emprunter sur les marchés du fait de taux prohibitifs. Depuis le mois dernier, la BCE achète des obligations italiennes et espagnoles, alors que ces deux pays ne font pas l'objet de plans d'aide, contrairement à la Grèce, l'Irlande et le Portugal.
Ce programme controversé a déjà été à l'origine de la démission du prédécesseur de M. Weidmann à la Bundesbank, Axel Weber, ainsi que du chef économiste de la BCE, l'Allemand Jürgen Stark.