Confirmant les craintes des marchés financiers, la zone euro a vu sa croissance nettement ralentir au deuxième trimestre, ce qui va compliquer la donne pour résoudre la crise de la dette.
La publication de cet indicateur coïncide avec une réunion consacrée à ce sujet entre Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, à Paris.
Les deux responsables européens ont annoncé leur rencontre au terme d'une semaine folle sur les marchés financiers, après la dégradation de la note des Etats-Unis et sur fond de craintes pour la croissance mondiale.
Selon une première estimation publiée mardi par l'office européen des statistiques Eurostat, le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro n'a augmenté que de 0,2% d'avril à juin.
Un ralentissement légèrement plus fort qu'attendu. Les économistes interrogés par Dow Jones Newswires espéraient en moyenne une progression du Produit intérieur brut (PIB) de 0,3% au deuxième trimestre.
Ce coup d'arrêt était toutefois anticipé, les économistes ne voyant pas la zone euro poursuivre sa croissance au même rythme qu'en début d'année (+0,8%), en raison de la crise de la dette qui pénalise les pays les plus fragiles.
Mais c'est l'ampleur du ralentissement en France et en Allemagne, traditionnelle locomotive de la zone euro, qui a le plus surpris.
La croissance allemande a crû seulement de 0,1% au deuxième trimestre, contre 0,4% attendu. Pire, en France, elle a été nulle, ce qui devrait entraîner une révision à la baisse des prévisions officielles françaises, selon le quotidien Les Echos mardi qui cite l'entourage du président Nicolas Sarkozy.
Autre pays noté triple A par les agences de notation à souffrir: les Pays-Bas ont vu leur PIB avancer de seulement 0,1% au deuxième trimestre.
"Ces chiffres confirment que le noyau dur économique européen n'est pas en mesure de soutenir les pays fragiles de l'Union monétaire, ce qui renforce le risque déjà existant d'éclatement de la zone euro", souligne Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics.
Même l'Italie et l'Espagne, actuellement dans le viseur des marchés, ont fait mieux: la troisième et la quatrième économies de la zone euro ont vu leur croissance progresser de 0,3% et de 0,2% sur la période.
Des chiffres toutefois insuffisants pour faire face à la crise de la dette et aux mesures d'austérité exigées par les marchés financiers.
La croissance a été nulle au Portugal. Elle a en revanche été meilleure en Finlande (+1,2%), en Autriche (+1%), en Slovaquie (+0,9%) et en Belgique (+0,7%).
Face à cette série de déceptions et la pression constante des marchés, la marge de manoeuvre est étroite pour les dirigeants de la zone euro.
Lundi, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, avait appelé les Etats du monde entier, et en premier lieu les "économies avancées" à ne pas tuer la croissance en luttant contre la dette.
En attendant, ces chiffres ne sont pas de bon augure pour le troisième trimestre, même si le spectre de la récession ne menace pas encore.
Pour Martin van Vliet, analyste chez ING, la croissance devrait stagner au second semestre, mais tout dépend "des éventuelles répercussions pour les consommateurs de la crise sur les marchés financiers".
"Une nouvelle détérioration des conditions sur les marchés financiers pourrait nuire sévèrement aux perspectives de l'ensemble de la zone euro", avertit pour sa part Lloyd Barton, économiste chez Ernst & Young.
Une situation qui met un peu plus la pression sur la zone euro pour trouver une solution durable à la crise de la dette.