L'octroi de crédits au secteur privé en zone euro a enregistré un recul plus prononcé en mai, de 1,1% contre une baisse de 0,9% en avril, en glissement annuel, a annoncé jeudi la Banque centrale européenne (BCE).
Les crédits aux entreprises non financières ont accentué leur baisse, avec -3,1% en mai après -3% en avril et -2,4% en mars, tandis que les prêts aux ménages ont continué de légèrement progresser bien qu'à un rythme moindre (+0,2% en mai après +0,4% en avril et en mars).
Les prêts immobiliers aux particuliers ont continué de décélérer, avec une progression de 1% en mai contre +1,2% en avril. Le crédit à la consommation a reculé davantage, avec -3,5% de prêts accordés en mai contre un recul de 3,2% en avril.
Pour Howard Archer, chef économiste Europe pour IHS Global Insight, ces chiffres sont "décevants et inquiétants". "Ils reflètent à la fois une offre de crédit qui demeure limitée et une demande qui reste timide", souligne-t-il.
L'octroi de crédits est une source d'inquiétude depuis des mois en zone euro car faute de prêts, pas d'investissement ni de consommation et pas de perspective de reprise économique.
La BCE estime depuis des mois que le marasme des crédits au secteur privé s'explique moins par le resserrement des conditions d'octroi des prêts bancaires que par la faible demande, dans un contexte de récession en zone euro.
L'institution monétaire de Francfort (ouest) a aussi publié vendredi les chiffres de la masse monétaire en circulation. La croissance de la masse monétaire M3, indicateur avancé de l'inflation en zone euro, a décéléré en mai à 2,9% contre +3,2% en avril, dans les clous des attentes des analystes du consensus réuni par l'agence Dow Jones Newswires.
Cette croissance limitée montre "des pressions inflationnistes très faibles", a souligné Howard Archer, estimant que cela laissait toute latitude à la BCE pour baisser à nouveau son principal taux d'intérêt si les signes d'une amélioration économique en zone euro continuent de se faire attendre. La BCE avait porté ce taux à 0,50% en mai, soit son niveau le plus bas historiquement.