Nicolas Sarkozy a décidé de convoquer ce dimanche soir à l'Elysée une réunion de travail sur la crise financière qui touche la zone euro pour faire le point sur la situation avant l'ouverture des marchés lundi, qui s'annonce comme un moment de vérité pour l'UE.
Outre le Premier ministre François Fillon seront également présents à cette réunion Bernard Kouchner (Affaires étrangères), François Baroin (Budget), Pierre Lellouche (Affaires européennes) et Alexandre de Juniac, directeur de cabinet de Christine Lagarde (Economie), qui représentera la ministre retenue à Bruxelles, au conseil des ministres des Finances de l'Union européenne (Ecofin).
"Il s'agit de faire le point avant l'ouverture des marchés lundi", a-t-on commenté dans l'entourage du chef de l'Etat.
L'ouverture des marchés lundi s'annonce comme un moment de vérité pour l'Union européenne et la zone euro. A ce moment là, les dirigeants européens pourront mesurer concrètement l'efficacité du plan qu'ils ont arrêté vendredi à Bruxelles pour venir en aide à la Grèce mais également endiguer toute contagion de la crise à d'autres pays de la zone euro.
Lundi, ils pourront apprécier, chiffres à l'appui, si leur plan est suffisant pour dissuader les spéculateurs de poursuivre leurs attaques.
"Il faut que les spéculateurs sachent qu'à partir de lundi le mécanisme de prêts organisé à l'échelle de l'Europe privera toute opération de pouvoir être dénouée avec un profit", a résumé dimanche l'ex Premier secrétaire du PS, François Hollande.
Cette réunion à l'Elysée interviendra après celle de l'Ecofin à Bruxelles où les ministres des Finances de l'UE se seront retrouvés en début d'après-midi pour créer un fonds de soutien financier européen.
La création de ce fonds est la traduction des décisions arrêtées par les dirigeants des seize pays de la zone euro, lors de leur rencontre au sommet vendredi.
Il s'agira d'un "mécanisme européen de stabilisation destiné à préserver la stabilité financière en Europe", selon la déclaration publiée à l'issue de ce sommet.
Signe de la gravité de la situation, le président Nicolas Sarkozy a annulé son déplacement ce dimanche en Russie où il devait assister aux cérémonies du 65e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale.
Son homologue italien Silvio Berlusconi a fait de même.
Et de l'autre côté de l'Atlantique, le président américain Barak Obama s'est dit "très préoccupé" par la crise grecque et ses conséquences sur les économies européenne et américaine.
A cet égard, le chef de l'Etat français devrait avoir une conversation téléphonique avec son homologue américain dans la soirée, a-t-on appris dans son entourage.
De même, Nicolas Sarkozy devrait faire le point de la situation, également par téléphone, avec Mme Lagarde ainsi qu'avec le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet.
Au niveau intérieur, pour contrer toute attaque, le gouvernement s'est efforcé de montrer sa détermination à redresser les comptes publics, en annonçant jeudi par la voix de François Fillon un gel des dépenses en valeur et un coup de rabot sur les niches fiscales.
Pour autant, il s'est refusé à employer le mot de "rigueur", à même de rassurer les marchés mais honni des Français car annonciateur de sacrifices et donc redouté par tout gouvernement en raison de la grogne qu'il ne manquerait pas d'engendrer.