par Jennifer Hughes, Sumeet Chatterjee et Sinead Cruise
HONG KONG/LONDRES (Reuters) - Le conseil d'administration de London Stock Exchange se réunira dans les prochains jours pour prendre une décision sur l'offre inattendue de rachat soumise par l'opérateur de la Bourse de Hong Kong pour 31,6 milliards de livres (35,3 milliards d'euros), a dit une source proche du groupe britannique.
Cette proposition non sollicitée a peu de chances d'aboutir étant donné la préférence des actionnaires de LSE pour le projet de rachat de Refinitiv, fournisseur de données et d'analyses financières, pour 27 milliards de dollars (24,4 milliards d'euros), a ajouté cette source.
L'opérateur de la Bourse de Londres veut se concentrer sur ce rachat et n'a pas l'intention de prendre le risque d'être perturbé par l'offre de la Bourse de Hong Kong, a poursuivi cette source.
Hong Kong Exchanges and Clearing impose comme condition au rachat de London Stock Exchange que ce dernier ne mène pas à bien son projet d'acquisition de Refinitiv, annoncé début août.
D'après une personne proche de HKEX, il est toutefois habituel qu'une première approche soit rejetée dans de tels cas et l'opérateur de la Bourse de Hong Kong est déjà en train de réfléchir à sa prochaine initiative.
Des discussions informelles ont commencé entre HKEX et les actionnaires de LSE, a ajouté cette personne.
Une porte-parole de LSE a refusé de s'exprimer sur le sujet.
Le projet proposé par HKEX vise à créer un opérateur étendant ses activités de l'Asie à l'Europe capable de concurrencer les géants américains comme InterContinental Exchange et CME Group.
OBSTACLES POLITIQUES
L'action HKEX a néanmoins perdu plus de 3% jeudi en raison des interrogations soulevées par les risques politiques et juridiques liés à une tentative de rachat d'une institution emblématique de la finance britannique.
L'enthousiasme a aussi été mesuré à la Bourse de Londres, où le titre LSE a clôturé sur un gain de 5,9% mercredi, à 7.206 pence, bien en-dessous du montant induit par la prime proposée par HKEX. Il gagnait 0,81% à 7.264 pence jeudi à moins d'une heure de la clôture.
D'après les analystes, l'un des obstacles au projet de HKEX est la crainte d'une influence croissante de la Chine sur Hong Kong, dont les pouvoirs publics, actuellement confrontés à une vague de contestation dans la rue, sont le premier actionnaire de l'opérateur boursier avec une participation de 6%.
Les pouvoirs publics de Hong Kong désignent six des 13 administrateurs de HKEX et peuvent empêcher un autre actionnaire de monter à plus de 5% du capital.
Fitch Ratings relève que "le contrôle croissant des autorités chinoises sur Hong Kong" pourrait soulever des inquiétudes sur le plan réglementaire en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis quant à la sécurité des données et des informations.
"Cette transaction nécessitera diverses autorisations réglementaires, qui testeront la compréhension du monde à l'égard du principe 'un pays, deux systèmes' sur lequel repose la Constitution de Hong Kong", dit David Blennerhassett, analyste indépendant pour la plate-forme de recherche SmartKarma.
"Ce sera difficile, actuellement et à court terme, sur le plan politique de franchir ces différents canaux réglementaires."
L'opérateur de la Bourse de Hong Kong dispose désormais de 28 jours pour soumettre une offre ferme à LSE, faute de quoi il n'en aura plus le droit pendant six mois.
(Avec Alun John, Donny Kwok et Lukas Jobs à Hong Kong, Pamela Barbaglia, Clara Denina et Huw Jones à Londres; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Angrand)