par Barbara Lewis
BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a jugé mardi "utiles et constructives" les modifications apportées par la France et l'Italie à leurs projets de budgets 2015, censées prouver que Paris et Rome font suffisamment d'efforts pour ramener leurs déficits dans les limites fixées par les règles communes.
La CE rendra son verdict sur les projets de budgets nationaux "au plus tard" mercredi, soit deux semaines après leur dépôt par chacun des Etats membres, a précisé un porte-parole.
"Nous sommes encore en train d'analyser les informations qui nous ont été transmises par l'Italie et la France en particulier", a-t-il répondu à une question sur la possibilité de voir le projet français retoqué par Bruxelles.
"Nous saluons le fait que ces Etats membres se soient eux-mêmes engagés dans un processus de dialogue constructif avec la Commission."
"Nous considérons la lettre du gouvernement français, comme celle du gouvernement italien, comme une contribution utile et constructive."
Rome et Paris ont annoncé tour à tour lundi avoir écrit au vice-président de la Commission en charge des Affaires économiques, Jyrki Katainen, pour lui préciser les ajustements apportés à leur projet de budget 2015 afin d'accentuer la réduction du déficit public.
Les nouveaux éléments détaillés par la France doivent permettre 3,6 à 3,7 milliards d'euros d'économies supplémentaires et réduire le déficit structurel dde plus de 0,5 point de PIB, contre 0,2 point prévu initialement.
"INJUSTE"
L'Italie, pour sa part, a proposé 4,5 milliards d'euros d'économies supplémentaires à Bruxelles et son déficit structurel devrait diminuer d'environ 0,3 point, contre 0,1 point seulement dans le projet de départ.
En théorie, la Commission peut réclamer de nouvelles modifications d'un projet de budget si elle juge insuffisantes les mesures prévues et peut aller jusqu'à infliger une sanction financière à l'Etat concerné. En pratique, jamais un exécutif européen n'est allé aussi loin, des discussions en coulisses ayant toujours permis d'aboutir à un compromis.
Certains pays ayant éprouvé ces dernières années la rigueur d'un placement sous surveillance stricte de leurs finances par les autorités européennes, comme l'Irlande, le Portugal et la Grèce, renâclent cependant à l'idée de voir la France bénéficier de la clémence de la CE.
La pression est plus importante sur Paris que sur Rome car le déficit global de la France devrait atteindre 4,3% du produit intérieur brut (PIB) l'année prochaine, dépassant nettement le plafond de 3% prévu par le pacte de stabilité européen.
Pour autant, rares sont ceux qui croient à un véritable conflit entre Paris et la CE.
"Même si c'est injuste, les grands pays ont plus de pouvoir que les petits. La France bénéficie de sa relation particulière avec l'Allemagne, qui la protège conre la Commission et les marchés financiers", dit Christian Schulz, économiste de la banque allemande Berenberg.
L'Autriche, elle aussi dans le collimateur de la CE, a annoncé mardi un effort supplémentaire de 0,3 point de réduction de son déficit.
(Bertrand Boucey et Marc Angrand pour le service français)