Le PDG de Thales, Jean-Bernard Lévy, prendra les commandes de l'électricien public EDF (PARIS:EDF) après une assemblée générale des actionnaires ce vendredi, avec pour mission d'accompagner le déploiement de la transition énergétique, projet cher au gouvernement qui a préféré M. Lévy au patron actuel Henri Proglio.
M. Lévy figure parmi les onze membres du futur conseil d'administration dont la nomination ou le renouvellement sont soumis à l'approbation des actionnaires, qui se réunissent à partir de 14H30 (13H30 GMT), à la veille de l'échéance du mandat d'Henri Proglio.
Mais son élection ne fait aucun doute: l'Etat, qui l'a choisi pour donner un nouveau souffle au géant énergétique, premier opérateur nucléaire mondial, en détient 84,5%.
Le projet de loi de transition énergétique, en cours d'examen au Parlement, prévoit de réduire de 75% à 50% la part de la production d'électricité d'origine nucléaire en France à l'horizon 2025 tout en développant les énergies renouvelables. Dans le même temps, la puissance nucléaire serait plafonnée à son niveau actuel de 63,2 gigawatts.
Dès le 23 novembre, Jean-Bernard Lévy dirigera le groupe "par intérim" jusqu'à ce que sa nomination soit définitivement confirmée par un décret présidentiel après validation en conseil des ministres le 26.
Avant cela, le dirigeant sera désigné comme PDG par le conseil d'administration renouvelé, qui doit se réunir dimanche, et devra réussir son oral devant le Parlement deux jours plus tard.
Deux autres personnalités du monde économique rejoindront l'organe de décision: l'ancienne présidente du Medef Laurence Parisot et l'ex-patron du constructeur automobile PSA Peugeot (PARIS:PEUP) Citroën Philippe Varin. Celui-ci a aussi été appelé à la rescousse par l'exécutif pour présider le futur conseil d'administration du groupe nucléaire en difficulté Areva (PARIS:AREVA), le principal fournisseur d'EDF.
- De gros chantiers à superviser -
L'Etat actionnaire sera lui représenté par Régis Turrini, le patron de l'Agence des participations de l'Etat (APE), tandis que les six représentants des salariés ont déjà été élus.
Le conseil d'administration d'EDF compte au total 18 membres, désignés pour une période de quatre ans en cas de renouvellement, ou cinq ans dans le cas d'un premier mandat.
Le gouvernement avait créé la surprise à la mi-octobre en décidant de nommer Jean-Bernard Lévy en lieu et place d'Henri Proglio, un temps donné favori pour un second mandat grâce à un bilan jugé globalement positif, même si ce chiraquien de coeur avait été nommé en 2009 par Nicolas Sarkozy.
Outre la transition énergétique, Jean-Bernard Lévy devra superviser d'autres gros chantiers, dont le "grand carénage", un plan de 55 milliards d'euros d'investissements prévu jusqu'en 2025 pour moderniser les 58 réacteurs nucléaires français en vue d'une prolongation de leur durée de vie au-delà de 40 ans.
Il devra aussi gérer le dossier de l'EPR de Flamanville, dont le démarrage a une nouvelle fois été retardé, à 2017 cette fois, et celui de la construction de deux autres réacteurs de nouvelle génération à Hinkley Point, en Angleterre, qui pourrait souffrir par ricochet de ce report.
La rémunération du PDG d'EDF est plafonnée à 450.000 euros annuels, comme les autres patrons d'entreprises publiques, soit cinq fois moins que la moyenne des dirigeants du CAC 40.
Une des résolutions soumises aux actionnaires prévoit par ailleurs d'augmenter l'enveloppe des jetons de présence alloués aux administrateurs élus par l'assemblée générale (sauf le PDG qui n'en bénéfice pas).
Elle passerait de 200.000 euros en 2013 à 226.000 euros en 2014, puis à 440.000 euros les années ultérieures, en raison de l'augmentation de la part de ces administrateurs au sein du conseil, en vertu d'une ordonnance gouvernementale du 20 août 2014 modifiant les règles de gouvernance des entreprises à participation publique.