L'ancien président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso, à qui son successeur a demandé des "clarifications" sur son embauche par la banque américaine Goldman Sachs, a déploré mardi des mesures "discriminatoires" à son égard, dans un courrier que s'est procuré l'AFP.
"Ces actions sont non seulement discriminatoires mais elles apparaissent en plus comme incompatibles avec des décisions prises concernant d'autres anciens membres de la Commission", a-t-il écrit dans cette lettre datée de mardi et adressée à Jean-Claude Juncker, l'actuel président de la Commission.
M. Barroso fait allusion à une série de dispositions prises par l'exécutif européen après les vives critiques soulevées au nom de l'éthique par l'embauche du Portugais en juillet par la banque américaine.
Poussé par la médiatrice de l'UE, Jean-Claude Juncker a fini par demander lundi à son prédécesseur "des clarifications sur ses nouvelles responsabilités et les termes de son contrat de travail" avec Goldman Sachs.
La réponse, a précisé M. Juncker, sera soumise à l'avis, non contraignant, du comité d'éthique ad hoc, chargé d'éclairer la Commission sur les projets de reconversion professionnelle des anciens commissaires européens et leur conformité ou non aux règles internes de bonne conduite.
Dans son courrier de réponse, dont l'AFP a obtenu une copie, M. Barroso répond à ces demandes sur son nouvel emploi, et dénonce le traitement qui lui est réservé.
"Vous avez d'abord suggéré que je serai reçu à la Commission avec un statut autre qu'ancien Président, et qu'ensuite, si nécessaire, vous demanderez l'avis du comité ethique ad hoc sur ce sujet", observe-t-il.
"Je n'ai jamais demandé une position privilégiée mais je ne voudrais pas être discriminé", argue-t-il, tout en indiquant n'avoir pas d'objection de principe à la saisine du comité d'éthique.
Il se dit en revanche inquiet qu'une "décision à propos de son statut ait déjà été prise", avant même cette saisine. "Si c'est le cas, je voudrais comprendre comment cette décision a été prise, par qui et sur quels fondements".
M. Barroso évoque aussi plus largement toutes les critiques et les interrogations sur son intégrité. Il les juge "sans fondements et complètement imméritées". "Elles sont discriminatoires à mon égard et contre Goldman Sachs", se défend-il.