PARIS (Reuters) - Le secrétaire général de la CFDT presse le gouvernement de ne pas céder au Medef, à qui il reproche de vouloir faire passer la lutte contre le chômage par la seule baisse du coût du travail, et réclame une réunion pour faire le point sur les engagements des entreprises dans le cadre du pacte de responsabilité.
"Je dis au gouvernement, ne cédez pas à la panique, ne cédez pas à la pensée unique selon laquelle le problème est le coût du travail comme le dit le Medef", déclare Laurent Berger dans une interview au Journal du dimanche.
"Le problème, c'est l'investissement, la qualification et la formation", ajoute-t-il.
Alors que l'exécutif, après des élections régionales marquées par une nouvelle poussée du Front national, réfléchit à des nouvelles mesures pour lutter contre le chômage, le numéro un de la CFDT estime qu'"il faut arrêter de considérer que les organisations patronales n'ont aucune responsabilité".
"Le patronat est figé dans ses postures. Je constate que les idées du Medef, c'est la précarité, la baisse supplémentaire du coût du travail, et aucune réflexion sur l'économie. Que le gouvernement ne tombe pas dans ce piège", dit-il.
Laurent Berger souligne que, en échange des 41 milliards d'euros de baisse de charges et d'impôts du pacte de responsabilité, les entreprises devaient "investir, former, embaucher."
"Quelques branches se sont engagées mais beaucoup ont failli", déclare-t-il, ajoutant : "Je demande que le gouvernement réunisse dès que possible tous les partenaires sociaux pour tirer les choses au clair, faire le bilan des engagements sur l'investissement, les embauches, l'apprentissage."
"Il faut commencer par demander des comptes au lieu de se laisser embarquer dans l'escalade des revendications patronales", poursuit-il.
Pour lutter contre le chômage, Laurent Berger estime qu'il faut faire "beaucoup plus sur la formation".
"Nous avons un besoin urgent de former 450.000 demandeurs d'emploi supplémentaires. Le plan en cours porte sur 150.000 entrées pour les métiers en tension, ceux de la transition numérique et énergétique. Il faut aller beaucoup plus loin", dit-il encore.
"Il y a des centres de formation vides et l'Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) doit être pleinement utilisée. Nous voulons travailler mieux avec les conseils régionaux. Et nous attendons que l'Etat s'engage fortement sur le financement des mesures à venir", ajoute-t-il.
Il estime d'autre part qu'il faut permettre l'entrée en apprentissage "à n'importe quelle période de l'année" et non plus seulement à la rentrée de septembre, et qu'il faudra "peut-être en passer par une forme de contrainte" pour les entreprises sans apprenti.
(Yann Le Guernigou, édité par Nicolas Delame)