Frappés par la crise économique, l'interdiction de fumer et la concurrence - pour le moment illégale - des jeux en ligne de l'étranger, les casinos français ont connu pour la deuxième année consécutive une baisse sensible de leurs revenus.
Le produit brut des jeux (PBJ, différence entre les mises et les gains, équivalent du chiffre d'affaires) de l'exercice 2008-2009 des casinos a reculé de 9 % à 2,3 milliards d'euros, a annoncé la profession mardi.
A périmètre constant (197 casinos, sans tenir compte de la création de trois nouveaux), cette baisse a été portée à "près de 20 %" depuis deux ans, selon un communiqué des trois organisations patronales de la profession : Syndicat des casinos modernes de France, Association des casinos indépendants français, Casinos de France.
"Cette baisse, dit à l'AFP Dominique Desseigne, président du groupe Barrière, illustre la triste réalité qui frappe notre activité depuis deux ans".
Le secrétaire général de Casinos de France, Jean-François Cot, a précisé à l'AFP que le PBJ était passé de 2,8 milliards d'euros (novembre 2006-octobre 2007) à 2,55 milliards (2007-2008) puis à 2,3 milliards (2008-2009).
Les casinos comptent 18.200 employés, 22.000 machines à sous et des jeux de table (roulette, black jack, poker ...).
Interrogé par l'AFP, le sénateur UMP François Trucy, auteur de deux rapports sur les jeux, met en cause la "crise économique, l'interdiction de fumer depuis le 1er janvier 2008 et la concurrence illégale des jeux en ligne".
Les paris hippiques et sportifs et le poker en ligne devraient être autorisés en France à partir du printemps 2010 mais une étude récente prévoit que les casinos et les villes qui les abritent vont souffrir de cette ouverture.
"L'année 2010 ne sera pas facile pour nous", assure Georges Tranchant, patron du groupe éponyme qui reconnaît avoir supprimé cette année une soixantaine d'emplois sur 1.100.
Toutefois, la profession relève que la fréquentation paraît depuis deux mois "se stabiliser". Cette tendance, qui "reste à confirmer", souligne Jean-François Cot, est due aux nouveaux jeux.
Ainsi le groupe Partouche et une centaine d'autres casinos (Barrière, Tranchant, Joa, et indépendants) offrent depuis quelques mois des cagnottes - pouvant aller jusqu'à 3 ou 4 millions d'euros - communes à plusieurs centaines de machines à sous.
Les casinos voient également arriver de nouveaux clients qui s'affrontent au poker. Une clientèle appréciée des casinotiers même si le poker ne leur rapporte que 2 % des mises.
"Malgré quelques faveurs fiscales consenties cette année par l'Etat aux casinos, la situation reste inquiétante", analyse le sénateur Trucy car "de gros groupes sont fortement endettés". Des casinotiers, qui ont obtenu l'ouverture d'un nouvel établissement dans des villes thermales ou balnéaires, ont renoncé à le faire, "faute d'avoir pu réunir le tour de table financier", raconte M. Trucy.
Cette crise a en fin un effet collatéral sur les budgets des quelque 180 municipalités qui accueillent des casinos puisque 15 % des prélèvements fiscaux sur le PBJ va aux communes (85 % à l'Etat).