Le géant américain de la distribution Walmart (NYSE:WMT), qui a connu un développement fulgurant à l'international dans les années 2000, a écopé d'une amende de plus de 282 millions de dollars pour solder des accusations de corruption menée par ses filiales à l'étranger.
Au terme d'une enquête qui a duré sept ans et à laquelle le groupe a volontairement collaboré, le gendarme de la bourse (SEC) et le ministère américain de la Justice ont annoncé la facture jeudi: Walmart a accepté de payer 144 millions de dollars au titre des poursuites de la SEC et 138 millions de dollars pour solder l'enquête du ministère de la Justice.
Le groupe était accusé d'avoir laissé ses filiales --en particulier au Brésil mais aussi en Chine, en Inde et au Mexique-- avoir recours à des tiers qui payaient les autorités locales pour faciliter leur implantation.
"Walmart a profité de sa rapide expansion internationale mais, ce faisant, le groupe a choisi d'ignorer la prise de mesures anti-corruption", a résumé le procureur général adjoint Brian Benczkowski dans un communiqué.
"Pendant plus d'une décennie, Walmart a connu une croissance internationale exponentielle mais a manqué d'instaurer des garde-fous contre les risques de corruption dans plusieurs pays", a ajouté Zachary Terwilliger, procureur fédéral en Virginie.
Le géant des magasins discount aux Etats-Unis, qui a réalisé 515 milliards de dollars de chiffre d'affaires sur son dernier exercice, opère 11.300 magasins sous différentes enseignes dans 27 pays. C'est aussi un des plus importants employeurs privés du monde avec 2,2 millions de salariés.
Les autorités lui ont reproché de ne pas avoir mis en place des mesures anti-corruption comme exigé par une loi américaine contre les pratiques de corruption à l'étranger, a précisé la SEC, "en ignorant les manquements à la loi et en retardant la mise en place de contrôles de comptabilité qui lui auraient éviter de nombreux problèmes".
- Voyages et cadeaux -
De 2000 à 2011, dons, cadeaux, voyages et dessous de table ont permis à Walmart "d'emmagasiner des profits additionnels à travers ces filiales étrangères en ouvrant plus rapidement des magasins", a expliqué le ministère de la Justice.
Au Mexique, un ancien avocat de la filiale du groupe a reconnu en 2005 avoir supervisé pendant plusieurs années un système de paiement de pots-de-vin à des représentants des autorités locales pour obtenir des permis et des licences d'exploitation.
Ce stratagème était connu des dirigeants de la filiale. La comptabilité de la société identifiait même, par des codes, les raisons de ces versements effectués soit pour "éviter des obligations", "influencer" un responsable local ou "éliminer" le paiement de droits.
En Inde, de 2009 à 2011, des sommes versées à des intermédiaires et inscrits dans les comptes comme des "frais divers" ou des "frais professionnels", ont servi à obtenir des permis pour l'ouverture de magasins.
Au Brésil, la filiale Walmart Brazil avait engagé indirectement une intermédiaire dont l'habileté à obtenir rapidement les autorisations nécessaires à la construction de magasins lui valait, au sein de la filiale, les sobriquets de "la sorcière" ou de "la génie".
En Chine, plusieurs manquements à des pratiques anti-corruption ont été identifiées entre 2003 et 2011, selon le résumé fourni par le ministère de la Justice.
Interrogé par l'AFP, Walmart a indiqué qu'il paierait le montant exact de 282,7 millions de dollars pour "cette conduite intervenue il y a plusieurs années", ce qui "met fin à plus de sept ans d'enquête".
Dès fin 2017, le groupe de Bentonville (Arkansas) qui a collaboré à l'investigation, avait provisionné cette somme, qui n'affectera donc pas ses résultats financiers cette année, a-t-il indiqué.