par David Sheppard
LONDRES (Reuters) - L'Opep pense qu'elle va être confrontée en 2015 à une demande de pétrole plus élevée que prévu jusqu'à présent, sa décision stratégique de laisser les cours s'effondrer pour nuire aux autres producteurs commençant à porter ses fruits.
Dans son rapport mensuel publié lundi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prévoit que la demande qui lui sera adressée en 2015 s'élèvera en moyenne à 29,21 millions de barils par jour (bpj), soit 430.000 bpj de plus que dans sa précédente estimation. Cela porterait la demande pour le pétrole de l'Opep au-dessus du niveau constaté en 2014.
Le cartel a en outre réduit d'un tiers sa prévision de croissance de la production en dehors de l'Opep en raison du ralentissement du développement du schiste aux Etats-Unis et d'une réduction générale des investissements pétroliers au niveau mondial. Il s'attend désormais à une hausse de la production non-Opep de 850.000 bpj, soit 420.000 de moins que dans son bulletin mensuel de janvier.
"(La baisse des livraisons de pétrole non-Opep est) surtout le fait de la diminution des investissements annoncée pour 2015 par les grandes compagnies internationales ainsi que de la réduction du nombre de puits de forage en activité aux Etats-Unis et au Canada", souligne l'Opep.
En novembre, les 12 pays membres de l'Opep ont décidé de laisser leur production inchangée malgré l'effondrement des cours. L'objectif était notamment de freiner le développement du pétrole de schiste aux Etats-Unis, dont l'extraction, plus coûteuse que celle du pétrole traditionnel, était favorisée par un baril à quasiment 110 dollars en moyenne sur la période 2011-2013.
Depuis, le baril de Brent a touché le 13 janvier un creux à 45,19 dollars, un plus bas depuis 2009, et le nombre de puits de forage aux Etats-Unis a diminué.
L'Opep a ainsi réduit de 170.000 bpj sa prévision de production aux Etats-Unis par rapport à sa précédente estimation du mois de janvier et de 70.000 bpj aussi bien pour la Russie que pour les pays du Proche-Orient non-membres du cartel.
La demande devrait progresser de 1,17 million de bpj en 2016 à 92,32 millions de bpj, soit une révision à la hausse marginale par rapport à janvier, la faiblesse des cours favorisant la demande.
L'Opep souligne toutefois que ses prévisions ne seront valables que si les cours restent à des niveaux suffisamment bas au cours du premier semestre de cette année pour ralentir la production.
Le cours du Brent a rebondi de quasiment 30% depuis son creux de mi-janvier, au-dessus de 58 dollars le baril lundi, même si de nombreux traders jugent toujours le marché suffisamment approvisionné.
Citant des sources secondaires, l'Opep dit avoir produit 30,15 millions de bpj en janvier, soit 53.000 de moins qu'en décembre.
(Benoît Van Overstraeten et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Patrick Vignal)