LONDRES (Reuters) - La stabilisation des cours du pétrole n'est peut-être que provisoire car l'excédent d'offre empire en raison de la production des Etats-Unis qui ne donne aucun signe de ralentissement, estime l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
L'organisme de coordination des politiques énergétiques des puissances occidentales ajoute que les Etats-Unis risquent bientôt de se retrouver à court de capacités de stockage, un autre élément susceptible de déprimer les prix pétroliers.
Les derniers calculs donnaient des stocks américains atteignant le record de 468 millions de barils.
Cette tendance durerait au moins jusqu'au second semestre 2015, période durant laquelle un tassement de la croissance de la production américaine est prévisible.
Cette dernière évolution, combinée à une hausse de la demande mondiale, contribuerait à assurer un certain soutien aux cours ainsi qu'un répit à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), explique l'AIE vendredi.
"En apparence, le prix du brut semble se stabiliser mais c'est toutefois un équilibre bien précaire", observe l'agence dans son rapport mensuel. "Derrière cette stabilité de façade, le rééquilibrage déclenché par l'effondrement des cours n'est pas encore achevé et ce serait sans doute faire preuve d'un optimisme exagéré que de croire que cela se fera en douceur".
La forte baisse du nombre des forages aux Etats-Unis explique en grande partie le récent redressement des cours, avec en particulier un baril de Brent de mer du Nord arrivant aux 60 dollars, après avoir chuté jusqu'à 46 dollars en janvier. Il culminait à 115 dollars l'an passé.
"La production américaine ne montre guère de signe de ralentissement jusqu'à présent; au contraire, elle continue de défier les pronostics", poursuit l'AIE.
Sur le seul mois de février, la production hors Opep aurait augmenté de quelque 270.000 barils par jour (bpj), à 57,3 millions bpj, et ce dans le sillage de l'Amérique du Nord.
L'offre mondiale a augmenté de 1,3 million bpj à un total estimé de 94 millions bpj en février.
L'AIE par ailleurs a relevé de 75.000 bpj sa prévision de croissance de la demande mondiale cette année, à 1,0 million bpj, portant la demande moyenne sur l'année à 93,5 millions bpj.
(Alex Lawler et Dmitry Zhdannikov, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)