par Sandor Peto
BUDAPEST (Reuters) - La Hongrie pourrait se déclarer en "état de crise en raison d'une immigration massive" tandis que l'Autriche a dû temporairement suspendre les liaisons ferroviaires transfrontalières, débordées par de nouvelles arrivées de réfugiés et de migrants.
Dans la matinée, près de 4.000 personnes ont franchi à pied la frontière entre les deux pays et la police autrichienne s'attend à de nouvelles arrivées dans une région aux capacités d'hébergement déjà saturées.
En Hongrie, porte d'entrée dans l'espace communautaire européen via les Balkans, le ministère de l'Intérieur a proposé l'instauration d'un "état de crise". Selon le chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban, cette proposition sera examinée mardi prochain en conseil des ministres.
Janos Lazar a ajouté que cette mesure entrait dans le cadre de la nouvelle législation adoptée la semaine passée qui vise à renforcer les contrôles sur l'arrivée de migrants. Elle prévoit notamment que le franchissement de la barrière actuellement en construction à la frontière avec la Serbie, dans le sud du pays, constitue une infraction pénale passible de la prison.
La construction de cette barrière de 3,5 mètres de haut, le long des 175 km de frontière avec la Serbie, pourrait être achevée début octobre avec plusieurs semaines d'avance, a ajouté Janos Lazar. "Cette barrière de 3,5 à 4 mètres de haut est destinée à protéger efficacement le pays, en particulier si des policiers patrouillent de l'autre côté", a-t-il affirmé.
Depuis le début de l'année, plus de 160.000 migrants et réfugiés fuyant les guerres, les persécutions et la pauvreté au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique ont atteint la Hongrie via les Balkans.
Le week-end dernier, en dérogation des règles européennes qui prévoient que les demandes d'asile soient examinées dans le premier pays d'entrée, l'Autriche et l'Allemagne ont décidé de leur ouvrir leurs frontières, provoquant un impressionnant exode à travers la frontière hongroise.
LES TRAINS AUTRICHIENS SATURÉS
Des dizaines de milliers de personnes sont passés depuis en Autriche, d'où la plupart ont poursuivi leur route vers l'Allemagne.
Mais les autorités autrichiennes et la compagnie ferroviaire autrichienne ÖBB, qui assure une large part de ces mouvements de populations, ont dû temporairement interrompre les liaisons avec la Hongrie, incapable de faire face à la surcharge du trafic.
"Toujours plus de gens arrivent chaque jour", a expliqué un porte-parole des Österreichische Bundesbahnen. "Cela excède de loin nos capacités."
"C'est la raison pour laquelle nous voulons ralentir le flux en provenance de Hongrie. Ce n'est pas la solution, mais il serait irresponsable de notre part de laisser des gens continuer à arriver et d'être obligés de passer la nuit dans des gares."
On ignorait en milieu d'après-midi si le service pourrait reprendre vendredi.
De son côté, la société des chemins de fer hongrois MAV a affrété des trains de remplacement ayant pour terminus la ville frontalière de Hegyeshalom afin de normaliser le trafic.
(avec Gergely Szakacs et Krisztina Than à Budapest et Angelika Gruber et François Murphy à Vienne; Pierre Sérisier et Henri-Pierre André pour le service français)