La volonté affichée par Pékin d'empêcher sa monnaie de se déprécier a donné des ailes aux marchés boursiers européens qui, dans le sillage des places asiatiques, ont réussi lundi de belles percées.
Alors que le retour des marchés chinois, après une semaine d'interruption pour les fêtes du Nouvel An, était redouté par les investisseurs, le gouverneur de la banque centrale chinoise (PBOC), Zhou Xiaochuan, a rassuré dès dimanche en affirmant qu'il n'y avait pas de raison pour que le yuan se déprécie encore. Il a assuré que l'institution continuerait d'utiliser ses gigantesques réserves de changes pour défendre son cours.
Après ces propos fermes, le yuan a d'ailleurs bondi de plus de 1% face au dollar lundi, sa plus forte hausse journalière depuis une décennie.
"Ceci témoigne de la volonté du gouvernement de piloter la transition de son économie d'un modèle basé sur ses exportations à un modèle porté par la consommation intérieure", ont souligné les analystes de Crédit Mutuel CIC.
La Chine "tente de mettre en place une dynamique vertueuse", ont aussi observé les analystes d'Aurel BGC.
Ces déclarations, couplées à des spéculations sur de possibles futures mesures de soutien supplémentaires de la Banque du Japon et du gouvernement et à des achats à bon compte, après nombre de séances éprouvantes, ont permis de beaux rebonds des places asiatiques, Tokyo en tête (+7,16%).
Ironie du sort, la seule place restée en arrière a été Shanghai, mais elle a toutefois réussi à limiter ses pertes à 0,63%.
La bonne humeur s'est ensuite répercutée sur l'Europe, avec de francs rebonds à l'ouverture qui se sont encore affermis par la suite.
La Bourse de Paris a ainsi fermé ses portes sur une hausse de 3,01%, celle de Francfort de 2,67%, Londres de 2,04%, Milan de 3,19% et Madrid de 3,26%.
Aux États-Unis, les marchés étaient fermés lundi pour cause de jour férié.
- "trop tôt pour parler d'une reprise durable"-
"La performance positive en Asie s'est répercutée sur les indices européens, qui sont actuellement dopés par la poursuite du rebond du secteur bancaire", a expliqué Connor Campbell, analyste chez Spreadex.
Les banques ont en effet rattrapé une petite partie de l'important terrain perdu depuis le début d'année alors que le marché s'interroge sur la solidité financière de certains établissements, en particulier en Europe, qui pourraient être affaiblis par le ralentissement de la croissance mondiale et la généralisation des taux d'intérêt négatifs.
Au Japon Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG) a avancé de 8,65%. En Europe, la française Société Générale (PA:SOGN) a pris 3,96%, l'italienne BMPS 9,21%, l'espagnole Banco Popular 4,85% et la britannique Barclays (L:BARC) 2,26%.
Ce dynamisme a permis aux marchés d'ignorer le recul du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre 2015 au Japon et des statistiques chinoises moroses puisque la Chine a vu ses exportations, et surtout ses importations, dégringoler de concert à nouveau en janvier, sur fond de dégradation continue de l'activité industrielle dans la deuxième économie mondiale.
Car la situation reste fragile et la volatilité continue à régner.
"Il est encore trop tôt pour parler d'une reprise durable, le rebond étant encore surtout à caractère technique", a estimé Renaud Murail, un gérant de Barclays Bourse.
"Certes, il y a sans doute eu des excès ces dernières semaines sur les marchés, avec le développement d'un scénario noir", pour autant, selon lui, "le flux reste plutôt à la vente sur les actions, avec des investisseurs qui naviguent encore à vue".
Et comme le relève en outre Aurel BGC: "les statistiques (chinoises) ne plaident pas pour une meilleure dynamique économique dans le pays" et "la Chine risque, si elle persiste à vouloir défendre le taux de change, de brûler à vive allure ses réserves de change".