L'agglomération marseillaise a lancé lundi une ligne de bus sur laquelle circulent uniquement des véhicules de taille standard et entièrement électriques, une première en France qui reste encore difficilement généralisable à une ville entière.
"Nous sommes les premiers à avoir une ligne 100% électrique en France", s'est réjoui devant la presse le président de la communauté d'agglomération Marseille Provence Métropole (MPM) Guy Teissier.
A ses côtés Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille et président de la métropole Aix-Marseille Provence, qui a absorbé MPM depuis le 1er janvier, a salué cette démarche "qui correspond aux orientations environnementales de la ville (...) dans l'engagement national sur la transition énergétique".
La ligne 82, emblématique à Marseille --elle passe par le siège de MPM et de la Métropole, le Vieux-Port, le MuCEM et le nouveau quartier d'affaires Euroméditerranée-- est équipée de 6 bus entièrement électriques le long d'un parcours idéal, avec peu de dénivelé.
Ces véhicules longs de 12 mètres --soit la taille normale d'un bus-- et coûtant environ 380.000 euros l'unité, ont été commandés à la société basque Irizar après un test de 18 mois sur une autre ligne du réseau, a précisé Guy Teissier. "Il fallait tester la fiabilité, la reprise, le poids en charge avant de confirmer la commande", a-t-il souligné.
"C'est un plus grand confort pour le chauffeur comme pour les passagers", a témoigné l'un des chauffeurs qui a testé le bus, Eric Bentboha: "Il n'y a pas un bruit, pas une vibration, c'est le calme (...) On dirait qu'on roule sur coussin d'air!".
Le véhicule électrique est tout à fait semblable à un bus traditionnel, mais beaucoup plus silencieux et sans les vibrations caractéristiques des moteurs thermiques, a constaté un journaliste de l'AFP.
- L'équivalent de 16 Zoe -
Ces nouveaux bus marseillais sont équipés de trois tonnes de batterie dans le toit, qui leur confèrent une autonomie de 12 à 16 heures pour 240 km d'autonomie en site urbain, ont précisé à la fois des élus et un responsable de la société Irizar.
Irizar, un groupe industriel basque coopératif, estime avoir une longueur d'avance sur ses concurrents: "C'est le produit le plus abouti en terme d'autonomie, qui permet de remplacer un véhicule diésel par un véhicule électrique", a affirmé à l'AFP l'un des représentants de cette société, qui a répondu à plusieurs appels d'offres en France et en Europe.
Les packs de batteries embarquent 370 kWh, "soit l'équivalent de 16 Zoe", la petite voiture électrique de Renault (PA:RENA), a expliqué pour sa part le directeur général adjoint de Réseau des transports marseillais (RTM) François Agier.
Le temps de charge est de 5 à 7 heures, ce qui permet de les utiliser en exploitation à la place d'un bus traditionnel en les rechargeant la nuit. Un plein correspond à 25 à 30 euros d'électricité, contre près de 130 litres de gazole (environ 150 euros).
A Paris, La RATP a récemment annoncé la mise en service son premier bus électrique fabriqué par le groupe Bolloré sur la ligne 341, reliant la porte de Clignancourt à la place de l'Etoile. Cette ligne deviendra 100% électrique d'ici la fin 2016 avec 22 autre "Bluebus" qui entreront progressivement en service.
"Nous nous sommes engagés à baisser de 10% en 10 ans la part (...) de la voiture" dans l'agglomération marseillaise, a expliqué Guy Teissier, promettant "de continuer à augmenter le nombre de bus électriques" du réseau, qui compte près de 600 véhicules.
Mais la généralisation de l'électrique reste pour l'instant compliquée techniquement. "Comment recharger un dépôt complet de 120 bus?" s'interroge François Agier. Pour 120 bus, la puissance nécessaire serait équivalente à celle d'une ligne de métro, précise-t-il.
La RTM, qui possède le seul dépôt permettant de recharger 6 bus simultanément, travaille actuellement avec EDF (PA:EDF) pour améliorer les procédés de recharge.