Une première ébauche d'un cadre de recommandations sur la gestion des flux de capitaux, ressemblant au "code de conduite" que la France appelle de ses voeux à l'occasion de sa présidence du G20, a été publiée mardi par le Fonds monétaire international.
Le président Nicolas Sarkozy s'était fixé pour ambition en janvier de faire adopter aux pays riches et émergents de ce groupe des lignes directrices pour les Etats qui seraient confrontés à des entrées subites de devises.
Le FMI est en pointe du travail sur cette question rendue sensible par la crise financière mondiale.
Entre d'un côté les Etats-Unis, l'Europe et le Japon qui ont une politique monétaire très généreuse, et de l'autre des pays comme la Chine, l'Inde, le Brésil ou la Corée du Sud qui offrent aux financiers des perspectives alléchantes, l'argent se déplace à un rythme élevé.
"Les entrées de capitaux à grande échelle sont de retour. Les marchés émergents sont redevenus la coqueluche des investisseurs", a souligné, lors d'une conférence téléphonique, l'un des auteurs du rapport du FMI, Aasim Husain.
Mais "même si ces flux sont généralement bénéfiques pour les pays qui les reçoivent, les excès d'entrées de capitaux peuvent comporter des risques pour la stabilité macroéconomique et financière", a indiqué le Fonds.
Il faisait ainsi allusion à une appréciation excessive du taux de change, à la spéculation, à la croissance excessive du crédit, voire à l'inflation, ou encore à la volatilité de la conjoncture économique.
Les recommandations du Fonds figurent dans un document de 97 pages intitulé "Expériences récentes dans la gestion des afflux de capitaux: les thèmes transversaux et un cadre de politique économique possible".
Elles déterminent dans quelles circonstances des "mesures de gestion des flux de capitaux" sont acceptables, quand elles restent le dernier outil disponible. Le FMI détaille quelques principes généraux: que ces mesures soient non discriminatoires, bien proportionnées, adaptées au contexte national, efficaces, et accompagnées d'une bonne régulation financière.
Le code de conduite prévu par le G20 doit aussi concerner les pays exportateurs de capitaux. Par conséquent, "ce qu'on a aujourd'hui, c'est certainement, au mieux, la moitié du tableau final", a prévenu M. Husain, conseiller au département de la stratégie du FMI.
Les recommandations "posent les bases des conseils qu'on peut donner aux pays dans la gestion des entrées de capitaux. Cela peut être un premier pas vers le développement d'un code de conduite plus large, dont discute le G20", a-t-il poursuivi.
"C'est une bonne contribution aux prochains débats du G20", a affirmé à l'AFP le ministère français de l'Economie.
Pour le FMI lui-même, c'est une rupture historique dans la mesure où l'institution, pour la première fois depuis sa création, reconnaît officiellement que dans certains cas, de telles mesures peuvent se justifier.
La question des contrôles de capitaux rappelle des souvenirs douloureux au Fonds, qui remontent à la crise asiatique (1997-1998).
A l'époque, il les avait déconseillés à des pays en pleine déliquescence économique, comme la Thaïlande, l'Indonésie ou la Corée du Sud, qui s'étaient enfoncés dans la récession. Et le pays qui avait délibérément pris le parti inverse, la Malaisie, était sorti de la crise beaucoup plus vite.
Le compte-rendu d'une discussion sur le sujet le 21 mars au conseil d'administration du FMI, publié mardi, montre qu'"une majorité" des Etats membres ont fait part de leur "approbation globale" face aux nouvelles lignes directrices.