Ciel européen encombré, destination France boudée, relations sociales tendues: le nouveau PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, est engagé dans une voie étroite pour relancer la dynamique du groupe avec de nouveaux leviers de croissance et dans un dialogue social apaisé.
"L'offre de vols entre l'Europe et le reste du monde a augmenté de 7% cet été. Clairement la demande n'est pas à cette hauteur là et cela se traduit par une pression assez forte sur les prix et donc une baisse de la recette unitaire", a expliqué M. Janaillac à l'AFP, quelques heures avant l'ouverture du salon des professionnels du tourisme, IFTM Top Resa.
En juillet et août, le trafic d'Air France ayant Paris pour destination finale a enregistré une baisse d'environ 14%, avec un effet aggravé après l'attentat de Nice du 14 juillet, a précisé le PDG qui a pris les commandes du groupe le 4 juillet.
Les baisses de réservations concernent d'abord les passagers venant du Japon, puis de Chine et ensuite des Etats-Unis, selon M. Janaillac, et pour relancer la destination France, le groupe multiplie les opérations de promotion sur les marchés étrangers avec l'agence de développement touristique "Atout France" et les acteurs de Top Resa.
"Nous regardons tous les leviers qui permettent d'avoir des résultats au niveau de nos ambitions futures", explique le PDG.
Le 2 novembre, il présentera en conseil d'administration les grandes orientations de son "projet stratégique", "Trust Together" ("Confiance ensemble").
Cette nouvelle "vision" partagée abordera toutes les questions, du rôle de la low cost Transavia jusqu'à l'avenir de la maintenance et la relation avec le client, en passant par les alliances avec d'autres compagnies.
- Le risque du 'déclin' -
"L'objectif de Trust Together c'est de clarifier les options stratégiques pour être capable de mettre en avant une vision et une stratégie à moyen terme, dans un climat plus apaisé de confiance, pour pouvoir renouer un dialogue et déboucher sur des solutions qui permettent d'améliorer nos résultats, indispensables pour les investissements à mener dans les années qui viennent, dans la flotte en particulier", a-t-il ajouté.
Des "workshops avec les cadres supérieurs du groupe" ont été créés et un questionnaire a été adressé à l'ensemble des employés pour "faire participer le nombre le plus important possible de salariés à la réflexion sur la vision sur l'avenir".
En interne, les tensions sont vives depuis des mois avec les pilotes d'Air France sur la question de la productivité. L'application des dernières mesures du plan de restructuration "Transform 2015" ont été gelées jusqu'en février.
Du côté des navigants, direction et syndicats ont renoué le dialogue en août pour tenter d'aboutir à un nouvel accord d'entreprise.
Revenu en 2015 dans le vert, après sept ans de pertes, Air France-KLM doit faire face à une concurrence féroce des compagnies asiatiques et du Golfe mais est également menacé par de nouveaux entrants sur le marché du low cost long courrier. Sur cette question, le groupe travaille à "une stratégie de réponse" dans le cadre du plan industriel.
"Avec les résultats que nous voyons aujourd'hui et la place (dominante, NDLR) des low cost dans le trafic européen, mon ambition est de ne pas faire l'erreur commise il y a dix ans face aux low cost moyen-courrier en pensant que notre activité et nos clients ne seraient pas concernés", explique M. Janaillac.
Tout en refusant d'"agiter le spectre de la disparition", pour M. Janaillac, "il est clair que si l'entreprise ne trouvait pas en elle-même les ressorts, le dynamisme et l'ambition pour se transfomer et s'adapter à un environnement concurrentiel certain, c'est le risque du déclin qui menace".
"C'est surtout cela qu'il faut éviter: un déclin qui serait préjudiciable à l'ensemble des salariés du groupe mais aussi à l'économie française", conclut le PDG.