par Lesley Wroughton, John Irish et Denis Dyomkin
NEW YORK (Reuters) - A l'issue d'une réunion qualifiée jeudi par l'envoyé de l'Onu pour la Syrie de "longue, douloureuse" et "décevante", les Etats-Unis et la Russie ne sont pas parvenus à un accord sur une reprise de la trêve dans le pays.
La réunion de la vingtaine de pays du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) s'est achevée sur un constat d'échec, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, estimant qu'il ne s'y était "rien passé".
L'armée syrienne a annoncé au même moment le déclenchement d'une nouvelle offensive sur la ville d'Alep et a conseillé aux habitants de s'éloigner des positions tenues par les rebelles.
"Nous avons échangé des idées avec les Russes et nous prévoyons de (les) consulter demain", a déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry à l'issue de la réunion.
"Je ne suis pas moins déterminé aujourd'hui que je ne l'étais hier, mais je suis encore plus frustré", a-t-il ajouté, se disant inquiet de l'annonce de Damas.
Les Etats-Unis et la Russie s'étaient accordés le 9 septembre sur un accord visant à raviver les négociations de paix en Syrie. L'accord prévoyait une trêve, l'amélioration les conditions d'accès de l'aide humanitaire et, in fine, une possible coopération militaire contre des groupes djihadistes.
La trêve s'est effondrée une semaine après son entrée en vigueur, le 12 septembre, lorsqu'un convoi d'aide a été bombardé, tuant une vingtaine de personnes.
"La bonne nouvelle, c'est que la Russie et les Etats-Unis se sont mis d'accord pour travailler intensément sur un possible rétablissement" de la trêve, a dit l'envoyé des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura
"Pendant ce temps (...) tout le monde revient dans le conflit. Les prochaines heures, les prochains jours tout au plus sont critiques" pour l'avenir de l'accord, a-t-il jugé, estimant que les deux pays étaient désireux de parvenir à une entente.
CLOUER LES AVIONS AU SOL
John Kerry a réclamé mercredi un arrêt des vols russes et du régime syrien au dessus des zones de combat.
"Nous n'avons pas encore réussi, mais nous avons compté un fort soutien autour de la table pour cette proposition, une interdiction temporaire de tous les vols pour créer les conditions d'une trêve", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.
"La réponse des Russes n'était pas satisfaisante", a observé pour sa part son homologue français, Jean-Marc Ayrault. La nouvelle offensive d'Alep montre selon lui qu'il ne pourra pas y avoir de trêve sans arrêt des opérations aériennes.
"Il y a des conditions pour réussir", a-t-il estimé: "La première c'est d'exiger que l'aviation syrienne reste clouée au sol (...) et la deuxième, c'est qu'il faut que l'ensemble des membres du GISS soit associé au contrôle de la mise en oeuvre d'une trêve."
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé pour sa part que l'opposition syrienne devait faire un pas en avant en vue d'un compromis.
Un responsable américain du département d'Etat, requérant l'anonymat, a jugé quant à lui: "La balle est (...) dans le camp des Russes pour revenir vers nous avec des idées sérieuses (...) quant aux activités aériennes au-dessus de larges zones de la Syrie".
(avec Michelle Nichols; Henri-Pierre André et Julie Carriat pour le service français)