par Nick Carey
CHICAGO (Reuters) - A quelques semaines seulement de sa scission en deux entités indépendantes, Alcoa (NYSE:AA) chutait à Wall Street à la suite de la publication de résultats trimestriels inférieurs aux attentes et d'une révision en baisse des prévisions de sa division exposée aux marchés aéronautique et automobile.
Le numéro un mondial de l'aluminium, qui donne traditionnellement le coup d'envoi der la saison des résultats trimestriels, a fait état d'un bénéfice net en hausse de 166 millions de dollars (150 millions d'euros), soit 33 cents par action, au troisième trimestre contre 44 millions (six cents par action) un an auparavant, à la faveur de mesures de réduction des coûts et d'une baisse des provisions fiscales.
Hors exceptionnels, le bénéfice par action est de 32 cents, trois cents de moins qu'attendu en moyenne par les analystes.
Le chiffre d'affaires du troisième trimestre a reculé à 5,2 milliards de dollars, contre 5,6 milliards un an plus tôt et 5,3 milliards attendus.
"Nous sommes performants malgré un environnement de prix bas (...), des conditions difficiles sur le front des matières premières et de difficultés dans l'industrie aéronautique", a déclaré à Reuters le directeur général d'Alcoa, Klaus Kleinfeld.
Les résultats publiés mardi sont les derniers avant la scission du pôle de fonderie d'aluminium du groupe, qui prendra le nom d'Alcoa Corp, tandis que le segment qui fabrique des produits finis pour les marchés de croissance comme l'automobile, l'aéronautique ou la construction, sera nommé Arconic Inc.
La scission doit être effective le 1er novembre.
Le groupe a abaissé ses objectifs 2016 de chiffre d'affaires pour toutes ses divisions en arguant de difficultés à court terme, particulièrement dans le secteur aéronautique.
DES FACTEURS EXTÉRIEURS PÈSENT SUR LES RÉSULTATS
Sur ce marché, ses ventes souffrent entre autres du retard pris par le développement de nouveaux réacteurs d'avions moins gourmands en carburant, qui nécessite de multiples tests sur tous les composants métalliques.
Pour Charles Bradford, de Bradford Research, les difficultés actuelles d'Alcoa sont essentiellement externes, de la baisse des prix de l'alumine aux retards de production dans l'aéronautique, alors que le groupe enregistre de bonnes performances en matière de maîtrise de ses coûts.
"Ils ne sont pour rien dans le problème des réacteurs d'avions", ajoute-t-il. "La demande pour ces réacteurs est forte, le problème, en fait, c'est de les fabriquer."
A Wall Street, l'action Alcoa perdait 10,95% à 28,06 dollars à 18h55 GMT, la deuxième plus forte baisse du S&P-500, qui recule au même moment de 1,39%.
Matthew Miller, analyste de CFRA Research, maintient une recommandation d'acheter malgré les retards dans les commandes aéronautiques, prédisant une accélération de la demande en 2017.
Alcoa a confirmé qu'il anticipait en 2016 une hausse de la production automobile de 1% à 4% et une hausse des livraisons d'avions de 0% à 3%.
Le prix de l'aluminium sur le marché mondial a atteint mardi un plus haut de deux mois avant de se replier en raison des craintes d'offre excédentaire et de l'augmentation de la production chinoise.
Klaus Kleinfeld a estimé que la croissance des capacités chinoises n'était pas significative, ajoutant qu'Alcoa tablait sur une augmentation de 5% de la demande globale d'aluminium en 2016, contre +3% pour l'offre.
Il a souligné que la tendance à l'"aluminiumisation" de l'industrie automobile restait porteuses "même si le marché dans son ensemble aux Etats-Unis semble arriver à un palier".
(Wilfrid Exbrayat et Patrick Vignal pour le service français, édité par Marc Angrand)