PARIS (Reuters) - Des élus locaux, des promoteurs immobiliers et un entrepreneur soupçonné d'être proche de la Camorra napolitaine comparaissent depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille qui juge une vaste affaire de fraude, corruption, fraude fiscale et blanchiment sur la Côte d’Azur et à Monaco.
Les audiences sur ce dossier, surnommé "Mains propres" et qui remonte à 2009, sont prévues pour durer deux semaines.
Le tribunal va se pencher notamment sur les conditions de la construction de la tour Odéon, livrée en 2015, la plus haute de la principauté de Monaco avec ses 170 mètres de haut et qui abrite un des appartements réputés les plus chers au monde.
Parmi les onze prévenus, figure Gérard Spinelli, le maire divers droite de Beausoleil (Alpes-Maritimes) soupçonné d’avoir reçu une commission pour faciliter la construction de la tour à proximité de sa commune, ce que l’élu a toujours nié, alors que le projet suscite de l'hostilité dans la population locale.
D’autres figures de la Côte d’Azur sont également sur le banc des prévenus, dont les promoteurs monégasques Claudio et Paolo Marzocco, soupçonnés d’avoir versé deux millions d’euros de commission pour faciliter le chantier de la tour dont leur société portait le projet.
Les enquêteurs avaient saisi en 2009 un pacte écrit en dix points entre l’élu et les promoteurs faisant référence à ces deux millions de commission, ainsi qu’une enveloppe contenant 60.000 euros en liquide sur laquelle était inscrite "Odéon Gérard".
Ange-Roméo, dit "Lino", Alberti, un homme d’affaires italo-monégasque soupçonné d’être un proche de la Camorra napolitaine, est lui accusé d’avoir joué l’intermédiaire entre le maire de Beausoleil et les frères Marzocco.
Dans l’autre volet de ce dossier, la justice reproche au même Lino Alberti d’avoir aidé la famille de René Vestri, l’ancien sénateur-maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes) décédé en 2013, à placer en Suisse une partie des recettes d’une plage privée de la commune en utilisant des comptes de société établies aux Iles Vierges britanniques.
La veuve, la fille et le gendre de René Vestri sont également poursuivis dans ce procès.
(Marc Leras, édité par Yann Le Guernigou)