par John Irish
PARIS (Reuters) - Le chef de la diplomatie française se rend lundi et mardi à Téhéran pour réaffirmer l'appui des Européens à l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien que Donald Trump menace de réviser, voire d'enterrer.
Jean-Marc Ayrault doit rencontrer le président Hassan Rohani et le ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif, avec lequel il coprésidera mardi la première session de la commission mixte économique franco-iranienne, créée en janvier 2016.
Une cinquantaine d'entreprises françaises seront représentées. "Après les contrats emblématiques avec Airbus (PA:AIR), Total (PA:TOTF), Peugeot (PA:PEUP) et Renault (PA:RENA), il y a plein d'autres entreprises qui discutent", dit-on de source diplomatique française.
"Il y aura des accords et des lettres d'intention signées par le secteur privé", précise-t-on.
Mais c'est sur le terrain diplomatique que la France entend aussi peser.
Le nouveau président américain menace de revoir l'accord sur le nucléaire iranien, difficilement conclu le 14 juillet 2015 avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine, la France et l'Allemagne, et a pris des positions très pro-israéliennes au risque de s'aliéner les autorités iraniennes.
"Il faut que l'accord soit respecté de part et d'autre. Faire des affaires avec l'Iran c'est évidemment bon pour les entreprises, mais ce n'est pas que cela. C'est aussi encourager ceux qui en Iran ont soutenu l'accord", explique-t-on de source diplomatique française.
"Ce n'est pas parce que Donald Trump est arrivé au pouvoir que l'on doit décider de refaire une grande revue de toute notre politique étrangère. Les Iraniens ont été déstabilisés, ils attendent et ils sont inquiets", dit-on.
"Pour le moment, on a les déclarations de Trump. On attend. Le maître-mot, c'est le sang-froid, ne pas se laisser entraîner par des effets d'annonce médiatique", ajoute-t-on.
CLARIFICATION ATTENDUE SUR LA SYRIE
La Maison Blanche a annoncé dimanche que le Donald Trump et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'étaient entretenus au téléphone sur une série de questions régionales, "notamment les menaces que constitue l'Iran".
Face au durcissement américain, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont réaffirmé leur intention de normaliser les relations avec Téhéran, conformément à l'accord nucléaire qui a rouvert les portes de l'Iran aux entreprises européennes.
"Il y a un consensus aujourd'hui, même chez les Arabes, et dans les milieux sécuritaires, pour dire que cet accord doit être préservé", déclare-t-on côté français.
La peur que des sanctions financières américaines toujours en vigueur puissent être à l'avenir infligées à des banques européennes a retardé la conclusion de contrats potentiels en Iran, un des dossiers que Jean-Marc Ayrault devrait aborder.
"On a un dialogue avec l'administration américaine mais là aussi, on est dans l'expectative. Néanmoins, la frilosité des banques ne détermine pas l'attitude de toutes les entreprises françaises", relève-t-on de source française.
Le chef de la diplomatie française évoquera également le rôle de l'Iran dans la région à la lumière des crises en Syrie, au Yémen ou en Irak.
La Syrie devrait être au premier plan du volet international des entretiens du ministre français, alors que Donald Trump n'a toujours pas clarifié sa position sur l'avenir politique de ce pays et que la Russie fait le forcing pour négocier un accord de paix en coordination avec l'Iran et la Turquie.
Jean-Marc Ayrault s'efforcera notamment d'éclaircir la nature du positionnement de l'Iran sur ce dossier.
"L'Iran a un rôle pivot. Mais les choses ne sont pas très claires dans l'alliance russo-iranienne, les agendas ne sont pas alignés", déclare-t-on.
(Edité par Sophie Louet)