L'Italie et l'Espagne étaient de nouveau sous la pression des marchés mardi, comme les autres pays fragiles de la zone euro, et leurs gouvernements se mobilisaient pour endiguer la panique même si Bruxelles a exclu toute discussion sur un plan de sauvetage pour ces pays.
Face à ce nouvel accès de fièvre, le ministre italien de l'Economie et des Finances Giulio Tremonti a organisé à Rome une réunion du comité pour la sauvegarde de la stabilité financière, qui rassemble la Banque d'Italie, l'autorité boursière et le régulateur des assurances.
Le comité a déploré, à l'issue de la rencontre, que l'Italie fasse l'objet de "tensions dérivant d'incertitudes internationales malgré la réduction progressive du déficit public".
"Le système bancaire et financier est solide grâce aussi au renforcement déjà opéré des conditions patrimoniales et des liquidités des banques", a souligné le comité, qui a décidé de "maintenir la situation sous observation constante".
M. Tremonti devait s'entretenir dans la soirée avec le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn et rencontrera mercredi à Luxembourg le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.
Resté jusqu'à présent discret, le chef du gouvernement Silvio Berlusconi interviendra de son côté devant le Parlement et pourrait annoncer à cette occasion des mesures pour relancer une économie atone alors que les partenaires sociaux ont lancé un appel commun à un "pacte pour la croissance".
A Madrid, le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a décidé de retarder son départ en vacances afin de surveiller la situation.
"C'est la débandade (...) Le marché n'est toujours pas rassuré" par l'accord européen du 21 juillet sur un nouveau plan d'aide à la Grèce censé enrayer la contagion de la crise de la dette, explique Cyril Regnat, stratégiste obligataire de la banque Natixis.
Signe de la défiance des investisseurs, les taux obligataires à dix ans italiens et espagnols ont atteint des records historiques mardi.
Vers 15H30 GMT, ils s'inscrivaient à 6,121% et 6,264%, se rapprochant dangereusement des 7% à partir desquels le financement de la dette devient difficilement soutenable.
Une mauvaise nouvelle alors que Madrid prévoit d'émettre jeudi entre 2,5 et 3,5 milliards d'euros d'obligations. "Se financer à ces niveaux est assez coûteux et cela peut finir par créer des problèmes", souligne Angel de Molina, de la maison de courtage Tressis.
Sous l'effet de ces tensions, la Bourse de Milan a clôturé mardi sur une nouvelle chute de 2,53% tandis que Madrid a lâché 2,18%, les inquiétudes à propos de l'économie américaine ayant également plombé le marché.
Tentant de rassurer, la Commission Européenne a affirmé qu'aucun plan de sauvetage n'était "sur la table" pour venir en aide à l'Italie, à l'Espagne ou à Chypre, également sous pression des marchés, et s'est déclarée "confiante" quant à la mise en oeuvre des mesures d'austérité par Rome et Madrid.
L'Italie a beau avoir adopté en urgence mi-juillet une sévère cure d'austérité, elle inquiète toujours les investisseurs en raison de son énorme dette (environ 1.900 milliards d'euros soit 120% de son PIB), d'une croissance atone et de l'incertitude pesant sur l'avenir du gouvernement.
Silvio Berlusconi est en effet de plus en plus affaibli, tandis que Giulio Tremonti, avec qui le Cavaliere entretient des relations très tendues, est éclaboussé par l'implication de son ex-bras droit dans un scandale de corruption. L'opposition de gauche a donc de nouveau appelé mardi le Cavaliere à s'inspirer de M. Zapatero en organisant des élections anticipées.
Madrid a de son côté multiplié les réformes de son secteur bancaire, du marché du travail et des retraites, mais les marchés continuent de douter de sa capacité à réduire le déficit en raison de son faible contrôle sur les finances des régions.
"Je ne vois pas comment on pourrait avoir un changement de situation car si on a des annonces, cela sera plutôt en septembre. Les prochaines semaines vont être très, très longues", prévoit donc M. Regnat.