La Banque centrale européenne a maintenu ses taux directeurs à leur plus bas niveau historique jeudi lors de la réunion de son conseil à Venise, une décision largement attendue alors que l'économie de la zone euro reste fragile.
La Banque centrale européenne (BCE) a laissé son principal taux d'intérêt directeur inchangé à 1%, a annoncé jeudi un de ses porte-parole depuis Francfort via une conférence téléphonique.
Ce taux, baromètre du crédit en zone euro, stationne à ce niveau depuis mai.
Parallèlement, la Banque d'Angleterre (BoE) a elle gardé son taux directeur inchangé à 0,5%, là aussi comme prévu.
Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, doit tenir une conférence de presse vers 12H30 à Venise pour expliquer la décision du conseil des gouverneurs. Les gardiens de l'euro se réunissent deux fois par an hors du siège de Francfort (ouest de l'Allemagne).
Face à une économie toujours fébrile, la BCE devrait prolonger le statu quo dans les mois à venir et son président sans doute redire jeudi que le niveau des taux est pour le moment "approprié".
"La BCE va probablement confirmer que tout resserrement de la politique monétaire n'aura pas lieu avant longtemps", juge Jonathan Loynes, économiste chez Capital Economics à Londres.
L'institution peut se permettre d'attendre avant de durcir les conditions du crédit. Aucun danger d'inflation, sa bête noire, ne plane pour le moment sur la zone euro. Les prix à la consommation ont baissé de 0,3% sur un an en septembre, pour le quatrième mois d'affilée et ne devrait pas, selon les prévisions, revenir en territoire positif avant décembre.
"Nous prévoyons un changement dans la position de la BCE au court du premier trimestre 2010 pour préparer éventuellement une première hausse de taux en juin", estiment les économistes de la Bank of America Merrill Lynch dans une note.
Surtout, l'économie reste vulnérable. Même si la zone euro devrait sortir de la récession au troisième trimestre, après une contraction du Produit intérieur brut de 0,2% au deuxième et de 2,5% au premier, la reprise s'annonce hésitante, ont notamment prévenu mercredi trois grands instituts européens, le français Insee, l'allemand Ifo et l'italien Isae.
La montée du chômage, au plus haut depuis plus de dix ans avec un taux de 9,6% en août, est appelée à peser sur la consommation des ménages. Et le redémarrage récent de l'activité industrielle, qui repose avant tout sur une reconstitution des stocks et le soutien des plans gouvernementaux, pourrait ne pas faire long feu.
La BCE passe d'ailleurs son temps à redire que le caractère durable de la reprise reste à prouver.
Experts et marchés attendent de nouvelles déclarations de M. Trichet concernant la force actuelle de l'euro face au dollar, qui désavantage les exportateurs européens et risque d'entraver la reprise.
Les responsables de la politique et de la finance ont exprimé leur inquiétude ces derniers jours, et appelé les autorités américaines à s'engager clairement pour un dollar fort.
Les difficultés d'accéder au crédit pourrait aussi porter préjudice à la conjoncture. M. Trichet devrait réitérer à cet égard qu'il n'est pas encore temps de retirer les mesures exceptionnelles prises par la BCE, qui abreuve les banques de liquidités bon marché pour les encourager à prêter davantage.