La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a demandé aux Etats-Unis, dans un discours mardi à Washington, de soutenir l'effort de l'institution pour augmenter ses ressources financières.
"Nous ne devrions pas nous bercer d'une illusion de sécurité. La reprise économique est toujours très fragile. Le système financier en Europe est toujours soumis à une forte pression", a relevé la dirigeante du FMI devant l'assemblée générale annuelle de la coopérative et agence de presse américaine AP.
Face aux risques pesant sur la croissance mondiale ("dette", "chômage" ou encore "prix du pétrole"), "les Etats-Unis, en particulier, doivent s'engager", a-t-elle considéré.
"Les Européens ayant fait avancer leur pare-feu, le moment est venu d'accroître notre force de frappe", a estimé Mme Lagarde, en référence à l'accord des pays de la zone euro le 30 mars pour mettre en place leur dispositif commun de lutte contre la crise de la dette publique.
Selon elle, "cela devrait soutenir l'idée d'un pare-feu mondial plus solide, obtenu en partie en augmentant les ressources du FMI".
"Les Américains pourraient se dire: pourquoi devrais-je m'en soucier, nous avons nos propres problèmes", a reconnu Mme Lagarde, dans ce discours dont la majeure partie était une adresse aux Etats-Unis.
"La réponse aujourd'hui est très simple: nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de rester dans notre jardin mental, nous devons regarder au-delà", a-t-elle poursuivi.
Les Etats-Unis, parmi les premiers en 2009 à contribuer à un triplement des ressources prêtables du FMI, traînent aujourd'hui les pieds pour en faire plus.
Ils n'ont pas ratifié une réforme qui doit doubler le capital du Fonds, et qui suppose qu'ils lui versent 63 milliards de dollars. Et ils ont répété avec constance depuis la fin 2011 qu'ils ne souhaitaient pas contribuer à une nouvelle augmentation, par le biais de prêts des Etats membres, des ressources prêtables.
Ces deux volets supposent un vote au Congrès, dont la chambre basse est contrôlée par des républicains très sceptiques vis-à-vis de l'utilité du financement du FMI par la première puissance mondiale.
"Aujourd'hui le monde a besoin du FMI plus que jamais. Pourquoi? Parce que nous pouvons fournir un bouclier de protection qui aidera des pays à se remettre sur pied, à rendre leurs économies viables et faire en sorte qu'ils créent des emplois", a-t-elle déclaré.
"Mais pour faire cela efficacement dans le monde actuel, nous avons besoin de plus de ressources", a souligné la dirigeante du FMI.
La Française a écarté l'idée, souvent entendue dans l'aile conservatrice de la classe politique américaine, selon laquelle il était inutile voire risqué de financer le FMI. "L'argent des Etats-Unis, votre argent, ne sert que quand c'est nécessaire. Votre argent rapporte des intérêts. Votre argent est utilisé prudemment".
"Employez-nous. Travaillez avec nous. Nous serons à votre service et collaborerons avec vous", a-t-elle conclu.
Dans la version écrite de son discours transmise à la presse, Mme Lagarde demandait directement un soutien aux Etats-Unis dans sa phrase de conclusion, mais elle ne l'a finalement pas prononcée. "Nous sommes là pour servir nos membres, y compris les Etats-Unis. Soutenez-nous", concluait son discours.
Mme Lagarde a aussi renoncé à dire: "L'heure est venue pour les nations du monde de s'unir de nouveau face à un défi économique majeur, et avec les Etats-Unis comme partenaire de premier plan".
Elle avait aussi prévu de faire allusion à la "tradition dans l'Amérique rurale" d'édifier ensemble des granges. "La leçon est simple: ensemble, la communauté peut accomplir ce que l'individu ne peut pas, et tout le monde en profite. Nous devrions réfléchir à la mise en commun de nos ressources mondiales précisément dans ces termes", devait-elle dire.