La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a revu à la baisse jeudi les besoins financiers de son institution, qu'elle demande aux pays membres de lui apporter mais que les Etats-Unis lui refusent.
"Les besoins aujourd'hui pourraient ne pas être tout à fait aussi importants que nous l'avions estimé en début d'année", a déclaré la Française dans un discours à Washington.
En janvier, le FMI avait annoncé être à la recherche des sommes nécessaires pour augmenter de 500 milliards de dollars ses ressources prêtables. En vertu des règles comptables du Fonds, cela nécessite de rassembler 600 milliards.
On est aujourd'hui loin du compte: le seul engagement ferme est celui de la zone euro, qui a promis 150 milliards d'euros (198 milliards de dollars) en décembre.
Le premier actionnaire du FMI, les Etats-Unis, ne souhaite pas mettre au pot. Et d'autres pays, comme le Japon, le Canada ou les émergents n'ont toujours pas décidé de la somme qu'ils vont apporter.
Le sujet doit être discuté lors d'une réunion des ministres des Finances et banquiers centraux du G20 à Washington, prévue pour le 20 avril, puis lors de l'assemblée semestrielle du FMI qui suivra. Mme Lagarde s'est dite convaincue qu'il y aurait des progrès.
"J'ai bon espoir que, durant les assemblées de printemps qui arrivent, nous verrons une évolution, nous ferons des progrès, et nous nous saisirons de l'occasion", a-t-elle lancé.
Sans un seul dollar des Etats-Unis, l'objectif de 600 milliards de dollars était hors de portée. Mme Lagarde a lancé le 3 avril un appel vibrant au gouvernement américain, lui demandant de "s'engager", mais celui-ci a été clair: il ne veut pas demander à son Congrès de financement pour le FMI.
"Je n'attends pas de chèque sur la table, je comprends que c'est complexe. Mais il y a de multiples façons de soutenir le FMI, et je suis sûre que les Etats-Unis vont nous aider", a déclaré Mme Lagarde au cours d'un entretien sur la chaîne Fox Business.
Concernant la contribution des autres Etats membres, la dirigeante du FMI s'est abstenue de donner un chiffre. "Je ne suis pas fixée sur un nombre en particulier. [...] Quel est le chiffre exact? Je ne pourrais pas vous le dire pour le moment", a-t-elle indiqué.
Elle a évoqué la décision prise le 30 mars par les ministres des Finances de la zone euro d'augmenter la taille de leur dispositif commun de lutte contre la crise (Fonds de stabilité financière européenne et Mécanisme européen de stabilité). "Des mesures ont été prises par les institutions européennes", a-t-elle salué.
"Nous évaluons et réévaluons bien sûr les risques mondiaux, en prenant en compte les événements dans l'économie mondiale, dans le climat économique, sur les marchés, ainsi que tous les mesures politiques prises dans le monde, en particulier en dehors d'Europe", a-t-elle rappelé.
"Le fait d'augmenter les ressources du FMI n'est pas destiné à la zone euro. L'augmentation des ressources du FMI est destinée à la totalité des Etats membres", a-t-elle souligné.
"Et je suis particulièrement soucieuse non pas tant des besoins de la zone euro, mais aussi des besoins en dehors de la zone euro, et très loin en dehors de la zone euro [...]. Nous savons bien qu'il y a des peuples et des pays qui se penchent là-dessus et qui chercheront un soutien", a expliqué la dirigeante du FMI.
Le FMI peut engager aujourd'hui 380 milliards de dollars pour ses Etats membres à revenus moyens ou élevés. Le chiffre est considéré comme insuffisant si l'Espagne, confrontée à la montée de ses coûts d'emprunt ces dernières semaines, devait perdre la capacité d'aller sur les marchés de la dette.
Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a estimé jeudi que les débats sur un éventuel plan de sauvetage pour Madrid n'avaient "aucun sens". "On n'en a pas besoin et il n'y a aucune intention d'y recourir. Il n'y aura aucune aide à l'Espagne", a-t-il dit à Varsovie.