par Gilles Guillaume et Laurence Frost
PARIS (Reuters) - Renault (PA:RENA) Nissan (T:7201) a annoncé vendredi des prévisions ambitieuses de synergies et de croissance pour l'alliance devenue premier constructeur mondial grâce aux économies d'échelle produites par l'arrivée de Mitsubishi et à une accélération du partage des programmes et composants.
Renault Nissan Mitsubishi, qui s'est également doté d'un nouveau logo passant de deux à trois courbes entrelacées, vise un doublement de ses synergies annuelles, à dix milliards d'euros d'ici 2022, terme de son nouveau plan stratégique à moyen terme.
"Les synergies vont augmenter d'une part parce que la taille et l'échelle de l'alliance augmente", a déclaré le PDG de l'alliance, Carlos Ghosn, au cours d'une conférence de presse.
"De l'autre côté, il y a de nouveaux domaines de coopérations, avec de nouvelles plates-formes, l'augmentation du nombre de moteurs communs (...) et sur toutes les nouvelles technologies il y aura une seule brique qui sera déclinée par marque."
L'alliance franco-japonaise prévoit aussi de porter sur la durée de son nouveau plan stratégique ses volumes combinés à 14 millions de véhicules, soit une hausse d'un tiers par rapport aux 10,5 millions estimés pour 2017 et son chiffre d'affaires consolidé à 240 milliards de dollars (201 milliards d'euros) contre 180 milliards actuellement.
"L'objectif est d'avoir trois entreprises opérant avec l'efficacité d'une seule (...) tout en respectant l'identité de chaque entreprise", a ajouté Carlos Ghosn.
Interrogé sur l'éventuelle évolution capitalistique du nouveau trio, il a simplement répondu que de tels mouvements n'influençaient pas le fonctionnement de l'alliance.
Et à une question sur les conséquences pour l'emploi de l'accélération des réductions de coûts envisagées, il a dit qu'elle seraient positives. "Si vous passez de 10,5 millions de voitures à 14 millions, je dirais que ça entraîne forcément plus d'emplois", a déclaré Carlos Ghosn.
TROIS MOTEURS SUR QUATRE EN COMMUN
Le renforcement des synergies, qui ont atteint cinq milliards d'euros l'an dernier, passera notamment par l'accélération du partage des motorisations, qui devraient être communes à 75% à l'horizon du plan, contre un tiers à l'heure actuelle, et par l'extension des plate-formes partagées au segment des voitures citadines et aux véhicules électriques, dont l'alliance proposera 12 nouveaux modèles d'ici six ans.
Au total, les véhicules électrifiés - à batterie ou hybrides - devraient représenter 30% des ventes de l'alliance à l'horizon 2022.
Vers 15h36, le titre Renault progressait de 0,43% à 79,46 euros. Il recule néanmoins de 6% depuis le début de l'année alors que l'indice sectoriel européen progresse lui de 5,8%.
"Il faudra probablement attendre le plan stratégique de Renault pour avoir des précisions sur la proportion de croissance, de synergies et d'électrification qui incombera" au groupe au losange", commente EvercoreISI dans une note. "Mais les bénéfices qu'il retire de l'alliance sont déjà un facteur clé de l'attrait pour Renault."
La déclinaison du plan stratégique de l'alliance pour chacun des constructeurs suivra le mois prochain, avec le 6 octobre Renault, pour lequel Carlos Ghosn a déjà annoncé un objectif de 70 milliards d'euros de chiffre d'affaires et d'au moins 7% de marge opérationnelle d'ici six ans.
Nissan, qui a bouclé fin 2016 la prise de contrôle de Mitsubishi Motors (MCC), ébranlé par un scandale lié à la falsification de données de consommation de plusieurs modèles, présentera son propre plan le 16 octobre, suivi deux jours plus tard par Mitsubishi.
(Edité par Jean-Michel Bélot)