PARIS (Reuters) - Séparés depuis 1972, les radicaux de gauche (PRG) et de droite, dits valoisiens (PR), ont scellé samedi leur réunification en un seul parti, rebaptisé Mouvement radical, a-t-on appris auprès de ses représentants.
Ce remariage signe un nouvel épisode dans la refonte du paysage politique enclenchée par l'élection d'Emmanuel Macron, alors que Les Républicains (LR) élisent, quant à eux, un nouveau président ce week-end.
Pour leur congrès à Paris, les deux branches du parti radical né en 1901 ont choisi la date symbolique du 9 décembre rappelant l'adoption de la loi sur la laïcité, valeur cardinale de cette famille politique.
Sylvia Pinel, à la tête du PRG, et Laurent Hénart, président du PR, co-présideront la formation réunifiée rebaptisée Mouvement radical (social libéral).
Le nouveau nom a été soumis au vote des quelque 800 participants au congrès, qui ont également adopté une déclaration politique et des statuts.
La réunification est issue d'une réflexion née de l'arrivée à l'Elysée d'Emmanuel Macron, dont le positionnement hors du clivage gauche-droite bouleverse les lignes politiques.
"Aujourd'hui, ce clivage cède la place à une confrontation entre les progressistes et les conservateurs. C'est logique que des partis qui ont les mêmes propositions, à 99%, se retrouvent dans une seule maison commune", a déclaré Laurent Hénart, maire de Nancy, vendredi sur franceinfo. "Cela nous permet de participer à la rénovation de la vie publique".
A la question de savoir pourquoi les radicaux ne rejoignent pas La République en marche, le parti fondé par Emmanuel Macron dont ils semblent proches, Laurent Hénart a répondu : "Le radicalisme n'est soluble dans rien".
A ses yeux, l'exécutif actuel peut mieux faire en matière de laïcité et de justice sociale, notamment.
La réunification des radicaux est synonyme de survie pour une formation habituée des alliances avec le pouvoir pour constituer des majorités au Parlement, avec comme contrepartie l'entrée de plusieurs de ses membres au gouvernement.
Dans l'équipe actuelle d'Edouard Philippe, Jacques Mézard (Cohésion des territoires) et Annick Girardin (Outre-mer) sont issus des radicaux.
"S'il n'y a pas fusion entre le PRG et les valoisiens, les deux partis sont morts. Et même réunis, ils ne sont pas forcément sauvés...", déclarait cette semaine à Reuters un membre du gouvernement, sous couvert d'anonymat.
Compagnon de route du Parti socialiste, influent en Midi-Pyrénées, en Corse et en Charente-Maritime, le PRG a été longtemps dirigé par le patron de presse Jean-Michel Baylet (1996-2016), auquel a succédé Sylvia Pinel, ancienne ministre et candidate à la primaire de la gauche en janvier dernier.
Classé au centre droit de l'échiquier politique, intégré à l'UDI, le parti radical valoisien était dirigé par Laurent Hénart depuis 2014.
En prévision de la réunification, les députés UDI Yves Jego et Michel Zumkeller ont annoncé cette semaine leur départ du parti radical pour rester à l'UDI.
(Elizabeth Pineau, édité par Jean-Philippe Lefief)