LONDRES/AMSTERDAM (Reuters) - Heineken a confirmé dimanche soir avoir été approché par son concurrent SABMiller en vue d'une offre de reprise, qu'il a déclarée "non recevable".
Le brasseur néerlandais a expliqué que la famille fondatrice, qui contrôle Heineken via la société holding Heineken Holding, entendait maintenir l'indépendance du fabricant des bières Heineken et Amstel.
"La famille Heineken a informé SABMiller, Heineken et Heineken Holding de son intention de préserver l'héritage et l'identité de Heineken en tant que compagnie indépendante", a dit le groupe dans un communiqué.
"La famille Heineken et la direction de la société sont convaincues que l'entreprise continuera à produire de la croissance et de la valeur pour ses actionnaires."
La famille fondatrice détient un peu plus de 50% de l'entreprise via sa holding de contrôle. Le brasseur mexicain Femsa a une participation de 12,5%.
Selon des sources citées par l'agence Bloomberg, l'approche de SABMiller faisait partie d'une stratégie visant à se mettre à l'abri d'une OPA potentielle de son rival Anheuser-Busch InBev, le numéro un mondial de la bière.
Des spéculations sur une offensive d'AB InBev, réputé pour sa stratégie agressive de croissance externe, circulent depuis des mois et elles se sont intensifiées la semaine dernière, selon des sources au fait de la situation.
SAB de son côté a également multiplié les acquisitions pour devenir le numéro deux mondial de la bière. Le brasseur d'origine sud-africaine a avalé successivement le colombien Bavaria en 2005, puis Grolsch en 2007 avant de fusionner l'année suivante avec la société issue de la fusion entre Miller Brewing et la filiale américaine de Molson Coors. En 2011 enfin, il a pris le contrôle de l'australien Foster's Group.
La capitalisation boursière de SAB s'élève actuellement à 55 milliards de livres (69 milliards d'euros), à comparer à celle de 34 milliards d'euros de Heineken.
Comme ses concurrents, SAB peine à croître en Europe et en Amérique du Nord, marchés matures, et voit son expansion sur les marchés émergents contrecarrée par la faiblesse des taux de change dans beaucoup de ces pays.
Heineken, leader sur le marché d'Europe de l'Ouest, s'est développé ces dernières années dans les pays émergents à plus forte croissance, notamment au Mexique et en Asie.
(Martine Geller à Londres, avec Thomas Escritt à Amsterdam et Philip Blenkinsop à Bruxelles, Véronique Tison et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)