Le déficit public de la France s'est bien établi à 4,8% du Produit intérieur brut en 2012, a indiqué lundi l'office européen des statistiques Eurostat, qui a confirmé le chiffre avancé par Paris pour bâtir ses hypothèses macroéconomiques.
Après avoir atteint 5,3% en 2011, le déficit public français s'est établi à 4,8% en 2012, souligne Eurostat qui vient de publier les chiffres du déficit et de la dette des 27 pays de l'UE.
Le gouvernement français espère ramener le déficit à 3,7% en 2013 puis à 2,9% en 2014, un objectif qu'il qualifie de "raisonné" pour "ne pas compromettre le redémarrage de l'activité économique par davantage de mesures de rigueur".
La dette publique française s'est établie à 90,2% du PIB en 2012, un niveau préoccupant mais conforme à la moyenne enregistrée au sein de la zone euro. Au sein des 17 pays de l'Union monétaire, la dette s'est élevée en moyenne à 90,6% du PIB et le déficit public à 3,7% du PIB.
Il y a toutefois d'importantes disparités au sein des 17: l'Allemagne a affiché en 2012 un excédent public de 0,2% tandis que l'Espagne a enregistré un déficit public de 10,6% du PIB, le plus élevé de la zone euro. Ce chiffre prend en compte l'aide fournie à Madrid pour recapitaliser ses banques en difficulté et est bien plus important que les 6,7% promis par le gouvernement de Mariano Rajoy et les 6,3% négociés avec la Commission européenne.
La France et l'Espagne espèrent obtenir un délai de la Commission européenne pour réduire nettement leur déficit public. Paris souhaiterait un an de plus pour le ramener dans les clous européens, soit en-dessous de 3%, soit 2014 au lieu de 2013.
De son côté, le gouvernement de Mariano Rajoy espère obtenir un assouplissement de l'objectif 2013 jusqu'à 6%, et le report à 2015 ou 2016 du retour sous les 3% du PIB. Le programme de stabilité de l'Espagne, négocié avec la Commission européenne, prévoit actuellement de ramener le déficit public à 4,5% en 2013, puis 2,8% en 2014.
La Commission européenne dévoilera le 3 mai ses prévisions économiques sur les niveaux de déficit, de dette mais aussi de croissance pour 2013 et 2014. Elle se fondera sur ses estimations et sur les programmes de stabilité des 27 qui doivent être remis d'ici fin avril, pour envisager d'accorder plus de souplesse à certains Etats.
La décision finale devrait intervenir lors de la publication des recommandations macroéconomiques de Bruxelles, prévue le 29 mai.
L'objectif de 3% de déficit, inscrit dans le traité européen, est "un critère très important mais il y en a d'autres", a souligné lundi Olivier Bailly, un porte-parole de la Commission lors d'un point presse.
"Nous ne regardons pas uniquement la valeur nominale mais également les efforts faits par les Etats membres. (...) La nature de l'effort est aussi importante", a-t-il plaidé, alors que Bruxelles est accusé de miser uniquement sur l'austérité pour sortir de la crise.
"L'objectif principal de la Commission est de trouver les moyens de relancer une croissance durable", a-t-il insisté, tout en rappelant que "l'UE est en train d'accomplir un effort exceptionnel de réduction de ses déficits sur plusieurs années", avec 13 Etats membres dont huit de la zone euro qui "ont fait les efforts budgétaires nécessaires".
Le déficit public de la zone euro est ainsi passé de 6,4% en 2009 à 3,7% en 2012, celui de l'Union européenne dans son ensemble de 6,9% à 4% en 2012.
"En 2013, nous souhaitons toujours que l'UE atteigne 3% de déficit, nous verrons si nous pourrons confirmer ces chiffres début mai", a poursuivi le porte-parole de l'exécutif européen.