Le patron de l'OCDE, le "club des pays les plus riches", a rappelé mercredi les plus fortunés à leur devoir fiscal alors que les inégalités ne cessent de croître.
"Sans action politique concertée, le fossé entre riches et pauvres risque de s'agrandir encore dans les années à venir", a averti dans un communiqué Angel Gurria, secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), connue pour ses prises de position très libérales en matière économique.
Et l'OCDE de faire une liste de propositions pouvant surprendre de sa part pour réduire les inégalités via la fiscalité: "abolir ou réduire une grande partie de déductions et niches fiscales profitant de manière disproportionnée aux plus aisés", "réfléchir aux moyens d'harmoniser la taxation du capital et celle du revenu", "taxer comme le revenu ordinaire les stock-options" et avantages divers et aussi "réfléchir à d'autres formes de taxes sur le patrimoine".
L'organisation a publié mercredi de nouvelles données statistiques montrant un bond des inégalités depuis le début des années 1980, qui s'est encore accéléré depuis la crise financière à partir de 2008, notamment dans le monde anglo-saxon.
Selon un graphique, aux Etats-Unis la part du revenu allant au "dernier centile", c'est-à-dire les 1% de la population aux revenus les plus élevés, a bondi de 8% en 1981 environ à 20% en 2012.
Même phénomène en Grande Bretagne avec un passage en trente ans de 6% à environ 14%, tandis qu'elle passait de 10% à environ 13% en Allemagne.
L'OCDE note aussi de fortes poussées dans des pays réputés plus égalitaires, ainsi la Finlande, la Norvège ou la Suède, ou la part des revenus détenus par "les 1%" a grimpé de 70% en 30 ans.
La France fait exception dans ce paysage puisque la "part des 1%", un concept populaire pour décrire les inégalités, y est restée stable, passant de 7 à 8% environ. L'OCDE constate la même stabilité en Espagne ou aux Pays-Bas.
"Les revenus des ménages les plus pauvres n'ont pas suivi le rythme de la croissance mondiale, et beaucoup d'entre eux ne sont pas mieux dotés qu'au milieu des années 1980", selon l'OCDE qui a vu le phénomène s'accentuer après la crise financière.
"Le revenu réel des 1% les plus riches a en moyenne augmenté de 4% en 2010 tandis que les 10% les plus pauvres ont vu le leur stagner", constate-t-elle.
L'OCDE n'est pas la première organisation internationale taxée de "néo-libérale" à s'inquiéter ainsi du creusement des inégalités dans lequel elle voit un frein potentiel pour l'économie.
Le FMI, longtemps accusé de négliger cette thématique dans les pays pauvres soumis à ses programmes, multiplie depuis l'an dernier les rapports sur les inégalités et avait fait sensation il y a quelques mois en assurant qu'il serait possible de taxer "davantage" les hauts revenus.