par Patrick Vignal
PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en repli vendredi et les Bourses européennes creusent leurs pertes à mi-séance dans un contexte marqué par les inquiétudes provoquées par les objectifs de déficit budgétaire annoncés par le gouvernement italien.
Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,3% à 0,4% avant la dernière séance d'un trimestre globalement favorable aux actifs risqués malgré les nombreuses menaces pesant sur les marchés.
À Paris, le CAC 40 perd 1,31% à 5.467,92 points vers 12h35 GMT. À Francfort, le Dax recule de 1,76% et à Londres, le FTSE cède 0,65%.
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 abandonne 1,03%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro 1,83% et le Stoxx 600 0,98%.
La Bourse de Milan (-4,36%) souffre plus particulièrement au lendemain de l'accord trouvé par le gouvernement italien sur des objectifs budgétaires intégrant un déficit trois plus fois plus important que la trajectoire fixée par le précédent exécutif.
La coalition formée par le Mouvement 5 Etoiles et la Ligue a forcé la main de son ministre de l'Economie, Giovanni Tria, dont les appels à la prudence budgétaire avaient rassuré les marchés, en s'entendant jeudi soir sur un objectif de déficit de 2,4% du produit intérieur brut dans son projet de budget pour 2019 et les deux années suivantes.
Ces annonces placent l'Italie en porte à faux vis-à-vis de la Commission européenne et provoquent l'inquiétude des marchés financiers, qui redoutent de nouvelles tensions sur la dette publique.
LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
La Bourse de New York a d'autres soucis avec un dollar fort qui risque de peser sur les actions et une séance difficile en vue pour Tesla (NASDAQ:TSLA), dont le PDG est dans le collimateur de la Securities and Exchange Commission (SEC).
Le gendarme de la Bourse américaine a accusé jeudi Elon Musk de fraude et demandé qu'il soit interdit de fonctions dirigeantes dans une société cotée après ses tweets "faux et trompeurs" du mois dernier sur un possible rachat du groupe suivi d'un retrait de la cote.
VALEURS EN EUROPE Les banques italiennes sont en première ligne avec les annonces de Rome sur le déficit. Leur indice sectoriel décroche de 7,74%. Banco BPM (-8,94%), Intesa Sanpaolo (MI:ISP) (-7,90%), Ubi Banca (-9,01%) et Mediobanca (MI:MDBI) (-6,68%) accusent le coup.
Dans leur sillage, l'indice des banques de la zone euro se replie de 4,41%, avec des baisses de 4,07% pour Société générale (PA:SOGN), de 4,87% pour Crédit agricole (PA:CAGR), de 4,08% pour BNP Paribas (PA:BNPP) ou encore de 5,92% pour Commerzbank (DE:CBKG).
TAUX
Sur le marché obligataire, les rendements des emprunts d'Etat italiens grimpent en raison des inquiétudes soulevées par la trajectoire budgétaire d'un pays très endetté.
Le taux italien à dix ans bondit de 30 points de base pour repasser le seuil de 3,2%, au plus haut depuis début septembre.
Les rendements des emprunts à deux et cinq ans s'envolent eux aussi, prenant chacun plus de 30 points de base.
Ces envolées favorisent un nouveau mouvement de repli vers le Bund allemand à dix ans, dont le rendement recule de près de sept points de base pour retomber nettement sous 0,5%.
L'écart de rendement ("spread") à dix ans entre les titres italiens et allemands s'écarte en conséquence pour repasser la barre des 270 points de base.
CHANGES
L'euro recule de 0,5% face au dollar, autour de 1,1578, pénalisé par les craintes entourant le budget italien ainsi que par l'annonce d'un ralentissement de l'inflation de base dans l'union monétaire.
La devise unique est d'autant plus sous pression que le dollar est pour sa part favorisé par l'optimisme ambiant sur la croissance américaine, qui a été confirmée à 4,2% au deuxième trimestre.
L'"indice dollar", qui mesure l'évolution du billet vert face à un panier de devises de référence, progresse de 0,4%.
Les cambistes ont pris connaissance d'une hausse de 0,3% de dépenses des ménages américains en août, conforme aux attentes, et d'une stabilité de l'indice des prix à la consommation mesuré par les dépenses (PCE), hors prix alimentaires et de l'énergie (dit "core").
(Édité par Blandine Hénault)