PARIS (Reuters) - Jean-Marie Le Pen annonce dans le Journal du Dimanche qu'il ira bien le 20 août devant le bureau exécutif du Front national réuni en formation disciplinaire, qui doit se prononcer sur son éventuelle exclusion du parti qu'il a fondé.
"Je ne vais pas faire le cadeau aux membres du bureau exécutif désignés par Marine Le Pen de pouvoir s'exprimer sans me regarder dans les yeux", déclare le père de la présidente du parti d'extrême-droite, qui avait refusé de se rendre à une première convocation.
Jean-Marie Le Pen et sa fille sont en guerre ouverte depuis des mois. Dans la convocation qu'elle a adressée au début de la semaine passée à son père, Marine Le Pen énumère 15 griefs, dont ses propos qualifiant les chambres à gaz nazies de "détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale".
L'ex-président du FN, âgé de 87 ans, admet que "l'attitude à l'égard de la Deuxième Guerre mondiale, [qu'il] a connue alors qu'elle n'a fait qu'en entendre parler", est un des éléments qui le distinguent de celle dont il a fait son successeur.
"J'ai choisi Marine Le Pen au bénéfice de l'âge et de la santé. En quatre ans, il faut bien dire la vérité, elle ne s'est pas améliorée", dit-il.
Il qualifie de "leurre" la politique de "dédiabolisation" du FN conduite par sa fille, qu'il juge sous influence du vice-président du parti, Florian Philippot, "son mauvais génie".
Cette ligne politique, estime-t-il, favorise la tentative de reconquête du pouvoir de Nicolas Sarkozy, qui a notamment lancé dans une interview à Valeurs Actuelles un appel aux électeurs du FN pour qu'ils se détournent de ce parti.
L'ancien chef de l'Etat, battu en 2012 par le socialiste François Hollande et aujourd'hui président du parti Les Républicains (ex-UMP) "entre dans la brèche", souligne Jean-Marie Le Pen. "On connaît ses qualités de manoeuvrier."
Prié de dire s'il pense que Florian Philippot "roule" pour Nicolas Sarkozy, il répond : "C'est une des hypothèses."
Marine Le Pen ne cache pas son ambition d'être présente au second tour de l'élection présidentielle de 2017, voire de la remporter. Mais si elle "suit la même ligne qu'aujourd'hui, avec les mêmes procédés", déclare Jean-Marie Le Pen, "je ne la soutiendrai pas."
(Emmanuel Jarry)